Rien ne va plus entre Benny Gantz et Benjamin Netanyahou. Lors d'une conférence de presse dans la soirée du 18 mai, celui-ci a ouvertement menacé de quitter ses fonctions au sein du cabinet de guerre d'union nationale israélien, posant un ultimatum au chef du gouvernant israélien en exigeant la mise en place d'un plan d'ici le 8 juin.
«Des décisions vitales n'ont pas été prises. Les actions de leadership nécessaires pour assurer la victoire n'ont pas été entreprises. Une petite minorité a pris le commandement du navire israélien et le conduit droit dans le mur», a-t-il lancé à la télévision. Il s'en prend même ouvertement à l'exécutif israélien en déclarant «alors que les soldats israéliens font preuve d'une bravoure suprême sur le front, certains de ceux qui les ont envoyés au combat se comportent avec lâcheté et irresponsabilité».
Il s'est adressé au Premier ministre lui même : «le choix est entre vos mains», ajoutant «vous devez choisir entre le sionisme et le cynisme, entre l'unité et le factionnalisme, entre la responsabilité et l'anarchie – et entre la victoire et le désastre». Benny Gantz demande à Netanyahou de suivre les exemples de «de Herzl, Ben Gourion, Begin et Rabin».
Le membre du cabinet de guerre israélien a ensuite énuméré la politique à adopter, à savoir: ramener les otages, éliminer le Hamas de la bande de Gaza, établir une administration américano-européenne-arabe-palestinienne sur l'enclave gazaouie qui ne sera pas sous le contrôle du Hamas ou de Mahmoud Abbas, ramener les habitants dans le Neguev et dans le nord d'Israël à la frontière avec le Liban, normaliser les relations avec l'Arabie saoudite en regroupant des pays arabes contre l'Iran et promouvoir un recrutement actif au sein de l'armée israélienne.
Des Israéliens de plus en plus critiques
Le 15 mai dernier, c'est Yoav Gallant, ministre israélien de la Défense, qui avait fait part de son désaccord avec Benjamin Netanyahou. Le ministre avait exigé des éclaircissements sur l'après-Gaza et s'était montré défavorable à une occupation militaire de la zone.
D'après une enquête d'opinion réalisée par Maariv, dont les résultats ont été publiés le 26 avril, 63% des sondés estiment que les hauts responsables de Tsahal devraient démissionner. Une opinion partagée tant chez les électeurs de droite (61%) que chez les sympathisants des partis de centre-gauche (67%).
D'ailleurs, le 22 avril, plus de six mois après la sanglante attaque du Hamas contre le sud de l'État hébreu, le chef des renseignements militaire israélien Aharon Haliva avait annoncé sa démission. «La direction du renseignement sous mon commandement n'a pas été à la hauteur de la mission qui nous incombe», avait-il déclaré, évoquant le 7 octobre dans une lettre adressée à son état-major. «Je porte en moi ce jour noir depuis lors, jour après jour, nuit après nuit», avait ajouté Aharon Haliva, tout en affirmant qu'il porterait «à jamais l'horrible douleur de cette guerre».
Le Premier ministre Benjamin Netanyahou était déjà vivement contesté avant le 7 octobre. Des grandes manifestations avaient eu lieu à travers le pays pour s'opposer à sa réforme judiciaire diminuant les pouvoirs de la Cour suprême israélienne, au bénéfice du parlement.
Depuis plusieurs semaines, l'opposition se mobilise de nouveau, manifestant dans de nombreuses villes israéliennes, même devant le domicile du chef du gouvernement. Il lui est reproché de ne pas avoir obtenu la libération de tous les otages encore aux mains du mouvement palestinien.