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Élections en Inde : le chef d’un parti d’opposition libéré sous caution afin de pouvoir faire campagne

Arvind Kejriwal, dirigeant du Parti Aam Aadmi, avait été placé en détention en mars dernier pour des soupçons d’escroquerie à l’alcool. Il a été provisoirement libéré, ce 11 mai, sur ordre de la Cour suprême indienne afin qu'il puisse participer aux élections générales en cours.

La Cour suprême de l’Inde a libéré provisoirement Arvind Kejriwal, ministre en chef de Delhi, qui est à la tête du parti d’opposition Aam Aadmi Party («Parti de l’homme ordinaire»).

L’homme politique avait été arrêté en mars dernier, inculpé pour corruption, quelques semaines avant les élections parlementaires qui ont débuté le 19 avril. Quelques heures après la décision de la Cour suprême, l’opposant est sorti de la prison de Tihar à Delhi, entouré de ses partisans.

Les juges lui ont accordé une libération sous caution jusqu’au 1er juin, dernier jour du scrutin. Alors qu’ils ont permis à l’homme politique de faire campagne aux élections législatives, une série de restrictions lui ont été imposées par la Cour. Il lui est ainsi interdit de se rendre aux bureaux du ministre en chef ou de l’administration de Delhi, de signer des documents officiels sans l’autorisation du lieutenant-gouverneur de Delhi. Il est obligé de retourner en détention le 2 juin.

Ministre en chef de Delhi, Kejriwal reste en fonctions

Malgré ces 50 derniers jours passés en détention, Kejriwal conserve ses fonctions de ministre en chef de la capitale nationale qui bénéficie, en vertu de la Constitution, d’un statut spécial, d’une assemblée législative et d’un gouvernement élu propres. L’Aam Aadmi Party (AAP) a insisté que Kejriwal ne démissionnerait pas, puisque ce dernier n’avait pas été condamné.

La Cour suprême a noté également le 10 mai que malgré les accusations considérables contre Kejriwal, celui-ci n’avait pas été reconnu coupable, que son casier judiciaire était vierge et qu’il ne représentait pas «une menace pour la société». D’après certains médias indiens, la Cour n’était pas en mesure de délivrer un verdict sur la requête de Kejriwal remettant en cause son arrestation.  

L'agence indienne à l'origine des poursuites fustige cette libération

Kejriwal a été placé en détention le 21 mars par l’Enforcement Directorate (ED), l’agence fédérale auprès du ministère des Finances, pour son rôle présumé dans une «escroquerie à l’alcool» liée à la politique de vente de l’alcool introduite en 2021 et annulée désormais à Delhi.

L’ED s’est opposé à la libération sous caution de Kejriwal, affirmant que si des hommes politiques «sans scrupules» pouvaient sortir de prison pour mener leur campagne électorale, aucun d’entre eux ne pourrait jamais être arrêté. Avant son arrestation, Kejriwal avait ignoré plusieurs assignations délivrées par l’agence.

L’opposition a qualifié l’arrestation de chasse aux sorcières politique menée par le parti au pouvoir, le Bharatiya Janata Party (BJP), «Parti indien du peuple». L’AAP, qui dirige Delhi et l’État voisin de Pendjab, fait partie du bloc de l’opposition «Alliance inclusive du développement national indien» (INDIA) qui cherche à écarter du pouvoir le BJP dirigé par Narendra Modi.

Une décision de la Cour saluée par les partisans de Kejriwal

Plusieurs hommes politiques de premier plan, qui avaient à plusieurs reprises mis en cause le moment choisi de l’arrestation de Kejriwal, ont salué la décision de la Cour.

«La mise en liberté de Kejriwal et sa campagne marqueront un tournant pour le pays», a déclaré Saurabh Bharadwaj, chef de l’AAP et ministre de Delhi, à l’agence de presse ANI. «Il va y avoir des changements sans précédent lors de ces élections.»

Mamata Banerjee, ministre en chef du Bengale-Occidental et présidente du parti Trinamool Congress, s’est dite «très heureuse» de la tournure des événements. «Ce sera très utile dans le cadre des élections actuelles», a-t-elle souligné.

Le Président intérimaire du parti du Congrès de Delhi, Devender Yadav, qui s’est également félicité de la décision, aurait déclaré, selon des médias, que le BJP et ses dirigeants avaient «mis en cage les institutions démocratiques».