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Ukraine : les Européens doivent être «prêts à dissuader la Russie», estime Macron

Dans une vidéo publiée ce 11 mai sur les réseaux sociaux, dans laquelle il réitère ne pas exclure d'intervenir militairement en Ukraine, le président français a estimé que les Européens devaient «être prêts à agir» pour «dissuader» les Russes si ceux-ci devaient aller «trop loin».

«Si on laisse faire en Ukraine, c’est la loi du plus fort et on ne peut pas être en sécurité». Dans une vidéo d’une quinzaine de minutes, publiée ce 11 mai sur la plateforme X, Emmanuel Macron est revenu sur le conflit en cours en Ukraine. «Non, on ne va pas partir en guerre», a-t-il répondu à une question Snapchat, assurant avoir «tout fait […] depuis près de 7 ans pour avoir la paix».

Néanmoins, «être une puissance de paix ne veut pas dire être faible», a-t-il poursuivi, affirmant qu’«à un moment donné il faut arriver à dissuader la Russie de continuer à avancer». «Beaucoup de notre avenir et de notre sécurité» se joue en Ukraine, a affirmé le président français, brandissant le risque d’une attaque russe contre des pays tels que «la Roumanie, la Pologne, la Lituanie» - tous membres de l’Otan - ou encore que la France puisse perdre «toute crédibilité».

Le chef d’État français a alors annoncé davantage d’aide militaire à Kiev «dans les semaines à venir», avant d’enchaîner : «mais on doit dire aussi à un moment donné que si les Russes vont trop loin, nous tous Européens devons être prêts à agir pour les en dissuader».

«Il faut être dissuasifs et crédibles vis-à-vis parfois de nos adversaires en leur disant que s'ils vont trop loin et menacent nos intérêts, notre propre sécurité alors nous n'excluons pas d'intervenir”» a insisté le président français en conclusion. «J’espère de toutes mes forces qu'on n’aura pas à partir en guerre», déclarait-il juste avant.

Depuis une conférence de presse fin février à l’issue d’un conseil européen dédié à l’Ukraine, le président français avait déclaré à plusieurs reprises que «rien» ne devait «être exclu» concernant un éventuel déploiement de troupes occidentales en Ukraine. «Nous ferons tout ce qu'il faut pour que la Russie ne puisse pas gagner cette guerre», avait-il alors ajouté.

Surenchère occidentale : Moscou n’entend pas se laisser intimider

Une déclaration qui avait provoqué une levée de boucliers au sein des autres soutiens de l’Ukraine, sans pour autant empêcher Emmanuel Macron de réitérer ses propos. «Je n’exclus rien», répétait-il encore auprès de The Economist dans une interview publiée le 2 mai. «Nous ne devons rien exclure parce que notre objectif est que la Russie ne puisse jamais gagner en Ukraine». Il conditionnait alors néanmoins toute intervention à «une demande ukrainienne» et à une percée russe du front.

Selon un article paru mi-mars dans Le Monde, l’envoi de troupes au sol serait une option examinée à Paris depuis juin 2023 que le président évoque dans les termes les plus triviaux : «De toute façon, dans l’année qui vient, je vais devoir envoyer des mecs à Odessa», aurait-il ainsi déclaré en marge de la panthéonisation du couple de résistants d’origine arménienne Missak et Mélinée Manouchian le 21 février.

Au-delà de ses alliés, les propos du président français ont fait réagir à Moscou. Les rappels répétés d’Emmanuel Macron concernant la possibilité de déployer en Ukraine des troupes d’un pays membre de l’Otan avaient été qualifiées de «tendance très dangereuse» par le Kremlin, qui dénonce une «escalade verbale». Le chef de la diplomatie britannique David Cameron avait  déclaré le même jour que paraissait l’interview du président français soutenir toute frappe ukrainienne pourrait mener sur le sol russe avec des armes britanniques.

Le 6 mai, l’armée russe annonçait avoir été chargée par Vladimir Poutine de préparer des exercices d'utilisation d'armes nucléaires non stratégiques. Des manœuvres liées aux déclarations d'Emmanuel Macron et de David Cameron, avait précisé Dmitri Peskov, estimant que celles-ci nécessitaient «une attention particulière et des mesures spéciales».