«Le respect et l'amour qu'il trouvera ici, dans notre Serbie, il ne les trouvera nulle part ailleurs.» Le président serbe Aleksandar Vučić n’a pas caché sa sympathie pour le président chinois, ce 8 mai à Belgrade, à l’occasion de la visite officielle de Xi Jinping dans ce pays des Balkans.
Accueilli par les officiels mais aussi par une foule brandissant des drapeaux serbes et chinois, comme l’ont montré les images de la télévision serbes RTS, le président Vučić a déclaré publiquement le soutien de Belgrade à Pékin concernant l’île de Taïwan : «Nous avons une position claire et simple en ce qui concerne l'intégrité territoriale de la Chine. Oui, Taïwan est la Chine.»
Un soutien clair en faveur de la Chine, alors que les capitales européennes sont très prudentes dans ce dossier. Aucune déclaration officielle sur le sujet n’avait été faite par Emmanuel Macron sur ce sujet lors du passage de Xi Jinping en France.
La comparaison avec la France ne s’arrête pas là. Alors qu’Emmanuel Macron avait laissé le soin à son jeune Premier ministre Gabriel Attal d'accueillir le chef d’État asiatique, le président serbe s’est rendu directement sur place et a reçu Xi Jinping au son de la fanfare militaire et de l’hymne de la République populaire de Chine. Les désaccords économiques et sur la crise ukrainienne ont aussi terni le passage du président chinois en France. Face aux critiques occidentales sur ses liens avec Moscou, Xi Jinping a appelé à ne pas «salir» son pays.
Mémoire commune et contrats économiques
Le déplacement du président chinois en Serbie coïncide jour pour jour avec le 25e anniversaire du bombardement américain de 1999 sur l'ambassade de Chine à Belgrade. Les frappes de l’OTAN avaient fait trois morts dans l’ambassade et contraint les États-Unis à présenter leurs excuses.
Dans un article publié le 7 mai dans le quotidien serbe Politika, Xi Jinping a déclaré que l'OTAN avait «bombardé sans vergogne» l'ambassade chinoise. «Le peuple chinois chérit la paix, mais il ne permettra jamais que la tragédie de l'histoire se reproduise», a-t-il rappelé, avant de souligner «l'amitié à toute épreuve» entre les deux pays.
Une proximité entre la Chine et la Serbie qui se concrétise par des investissements chinois dans les secteurs minier et manufacturier mais aussi par la conclusion en mai 2023 d’un accord de libre-échange entre les deux États. Ce 8 mai, les deux présidents ont signé une déclaration commune élevant les relations entre les deux pays, selon le média serbe RTS, du niveau de «partenariat stratégique au niveau d'un avenir commun».
Par ailleurs le ministre serbe des Finances, Sinisa Mali, a évoqué des discussions entre les deux pays à propos d’«un grand projet», sans préciser toutefois la nature de celui-ci. La Serbie jouit d'une position stratégique, dans le cadre du projet de Xi Jinping des nouvelles routes de la soie, pour relier l'Europe occidentale à l'Eurasie.
Après la Serbie, le président chinois s’envolera pour la Hongrie afin de rencontrer Viktor Orbán, avec qui il entretient des rapports cordiaux, pour clôturer sa tournée européenne.