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États-Unis : la Russie, la Chine et l'Iran nouvel «axe du mal» selon Mike Johnson

Le président de la Chambre des représentants du Congrès des États-Unis Mike Johnson est revenu à l’orthodoxie républicaine en s’engageant à faire parvenir les armes à l’Ukraine, y voyant un enjeu d’une importance «cruciale».

En rupture spectaculaire avec la ligne défendue par la base conservatrice dure de son parti, Mike Johnson, président de la Chambre des représentants des États-Unis, a loué cette semaine «l’État profond», qualifié la Russie, la Chine et l’Iran «d’axe du mal» et s’est engagé à mettre son poste en jeu afin d'acheminer plus de 60 milliards de dollars à Kiev.

Pendant des mois, Mike Johnson a refusé de soumettre au vote un projet de loi sur l’aide étrangère d’un montant de 95 milliards de dollars, affirmant que ni lui ni ses collègues républicains ne pouvaient soutenir le texte – qui accorderait une aide militaire de 14 milliards de dollars à Israël et de 60 milliards à l’Ukraine – sans l’associer à un remaniement de la sécurité aux frontières des États-Unis.

Toutefois, à la suite d’une série de réunions récentes avec les responsables des services de renseignement américains, Johnson a changé de discours. «Le moment actuel est critique, critique sur la scène mondiale», a déclaré Mike Johnson à la presse le 17 avril. «Je pense que fournir une aide en armes létales à l’Ukraine est désormais d’une importance critique. Je le pense vraiment. Je crois vraiment les renseignements et les présentations que nous avons reçus.»

Mike Johnson en rupture avec les trumpistes

«Je pense que [le président chinois] Xi [Jinping], [le président russe] Vladimir Poutine et l’Iran forment vraiment un axe du mal», a-t-il ajouté. «Je pense qu’ils se coordonnent là-dessus. Je suis convaincu que Vladimir Poutine continuerait pour traverser l’Europe si on le lui permettait.»

Les propos de Mike Johnson marquent une rupture avec l’aile pro-Trump du parti républicain. Ces partisans de l’ancien président – dont les plus éminents sont la représentante de Géorgie Marjorie Taylor Greene et le représentant de Floride Matt Gaetz – considèrent les services de renseignement américains comme des branches de «l’État profond» anti-Trump et appellent à mettre un terme au financement de Kiev.

«Mener une guerre par procuration avec la Russie en Ukraine, qui n’est pas un pays membre de l’OTAN, ne protège pas les intérêts de sécurité nationale américains. Cela ne protège pas les États-Unis d’Amérique. En réalité, cela nous rapproche toujours plus d’une Troisième Guerre mondiale», a indiqué la représentante Greene au journaliste Tucker Carlson au début du mois.

L'aide militaire à l'Ukraine mise au vote ce 20 avril

La référence de Mike Johnson à un «axe du mal» évoque toutefois le Parti républicain plus interventionniste d’autrefois. Cette expression, forgée par le rédacteur de discours David Frum, a été utilisée pour la première fois par George W. Bush pour désigner Iran, Irak et Corée du Nord dans les mois précédant l’invasion de l’Irak. Plus tard, l’ancien conseiller à la sécurité nationale John Bolton a ajouté Cuba, Libye et Syrie à la liste.

Malgré la résistance de certains de ses membres républicains, la Commission du règlement de la Chambre des représentants a accepté le 18 avril de diviser le projet de loi sur l’aide étrangère en trois documents distincts : le premier pour l’Ukraine, le deuxième pour Israël et le troisième pour Taïwan. Le 19 avril, la Chambre a voté en faveur de cette décision, permettant à Mike Johnson de mettre chacun des projets de loi au vote le 20 avril, alors même que Marjorie Taylor Greene a déposé une motion visant à le démettre de ses fonctions de président de la Chambre.

Le 17 avril, Mike Johnson a déclaré avoir anticipé une telle initiative, affirmant aux journalistes être prêt à «prendre des risques personnels» pour faire passer ces textes.