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Trente ans après, le Rwanda commémore le génocide

Le 7 avril, une cérémonie de commémoration nationale et une veillée sont organisées pour marquer le 30e anniversaire du génocide rwandais au cours duquel quelque 800 000 Tutsis et Hutus modérés ont été massacrés pendant 100 jours par la population hutu majoritaire.

La communauté internationale «nous a tous laissé tomber» durant le génocide des Tutsi, a dénoncé ce 7 avril le président rwandais Paul Kagame. Le pays commémore le 30e anniversaire des massacres.

«C'est la communauté internationale qui nous a tous laissé tomber, que ce soit par mépris ou par lâcheté», a déclaré Paul Kagame ce 7 avril dans un discours prononcé à la BK Arena de Kigali. Le dirigeant rwandais a allumé une flamme du souvenir plus tôt dans la matinée, au mémorial de Gisozi.

Les commémorations officielles ont débuté ce dimanche 7 avril au Rwanda, 30 ans après un génocide qui a fait 800 000 morts selon l’ONU, majoritairement dans la minorité tutsie, mais aussi des Hutus modérés.

«Personne, personne, pas même l'Union africaine, ne saurait se disculper de son inaction face à la chronique d'un génocide annoncé. Ayons le courage de le reconnaître, et de l'assumer », a également reconnu le président de la Commission de l'Union africaine, Moussa Faki Mahamat.

A l'occasion de cet anniversaire, le président français Emmanuel Macron, qui avait déjà reconnu en 2021 les «responsabilités» de la France dans le génocide de 1994, a fait un pas supplémentaire, estimant que Paris, «qui aurait pu arrêter le génocide avec ses alliés occidentaux et africains, n'en a pas eu la volonté», selon des propos rapportés par l'Élysée le 4 avril.

«La France assume tout et exactement cela dans les termes que j'ai employés» le 27 mai 2021, a déclaré ce 7 avril Emmanuel Macron dans une vidéo. 

Le ministre français des Affaires étrangères Stéphane Séjourné est présent ce 7 avril à Kigali. L’ancien président américain Bill Clinton, qui siégeait dans le bureau ovale à l’époque, a également fait le déplacement. Paris, qui entretenait des relations étroites avec les Hutus quand le génocide a commencé, a longtemps été accusé de «complicité» par Kigali et Kagame.

Sept jours de deuil, sans musique ni événements sportifs

Au Rwanda, la musique ne sera pas autorisée pendant sept jours dans les lieux publics, ni à la radio, a rapporté l’AFP. Événements sportifs et films seront interdits de diffusion à la télévision, sauf s'ils sont liés aux commémorations.

Du 7 avril au 17 juillet 1994, des tueries ont été déclenchées au lendemain de l'attentat contre l'avion du président hutu Juvénal Habyarimana, réouvrant la guerre civile qui avait fait rage entre Hutus et Tutsis de 1990 et 1993. Trois mois durant, l'armée et les milices hutu, mais aussi de simples citoyens massacreront, souvent à la machette, les Tutsis, qualifiés de «cafards».

Le carnage prit fin lorsque la rébellion tutsi s’empare de Kigali le 4 juillet, déclenchant un exode de 2 millions de Hutu vers le Zaïre voisin (aujourd'hui République démocratique du Congo).