La politique jusqu'au-boutiste du chef du Likoud peine à trouver des soutiens à l'étranger. Le président français a averti Benjamin Netanyahou des conséquences d'une éventuelle intervention israélienne dans la sud de l'enclave gazaouie. Même sous de cloche outre-Atlantique.
En effet, Emmanuel Macron a appelé le Premier ministre israélien dans la soirée du 24 mars. Alors que Benjamin Netanyahou envisage une intervention terrestre à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, selon le communiqué de l'Élysée, le président français a martelé «sa ferme opposition» à une offensive israélienne sur Rafah, jugeant que «le transfert forcé de population constituait un crime de guerre».
Macron a peu à peu changé d'avis
La position de l'Élysée a grandement évolué depuis le 7 octobre, se faisant peu à peu de plus en plus critique à l'égard d'Israël, à mesure que s'accentuaient les représailles de Tsahal dans la bande de Gaza, alors que les puissances régionales, mais aussi la Russie et la Chine, ont depuis le début du conflit appelé à une pacification.
Le 24 octobre dernier, lors de son déplacement en Israël, le chef d'État français avait pourtant soumis la proposition de former une coalition contre le Hamas dans la même forme que celle contre l'État islamique en Syrie et en Irak. Il s'est avéré, selon des informations de Libération, que cette idée émanait non pas de hauts diplomates, mais de Bernard-Henri Lévy lui-même.
Au fur et à mesure du conflit à Gaza, Paris a appelé à maintes reprises à un cessez-le-feu et à la libération des otages. Concernant la situation en Cisjordanie, Emmanuel Macron a également condamné «fermement les récentes annonces israéliennes en matière de colonisation», a indiqué l'Élysée dans un communiqué. Le gouvernement israélien avait annoncé le 22 mars une saisie de 800 hectares dans la vallée du Jourdain.
Outre-Atlantique aussi, les avertissements contre une intervention israélienne à Rafah se multiplient. Dans une interview accordée à la chaîne ABC le 24 mars, la vice-présidente américaine Kamala Harris a ainsi martelé : «Nous avons été clairs lors de multiples conversations et de toutes les manières possibles : toute opération militaire d’envergure à Rafah serait une énorme erreur.» «J’ai étudié les cartes. Ces gens n’ont nulle part où aller. Il y a environ un million et demi de personnes à Rafah qui sont là parce qu’on leur a dit d’y aller», a-t-elle ensuite précisé.
La politique américaine demeure néanmoins ambiguë. Premier soutien à Israël, l'administration Biden, remise en cause au Moyen-Orient mais aussi sur son sol par l'électorat musulman, a livré des munitions à Tsahal mais aussi opposé à trois reprises son veto à des résolutions de cessez-le-feu au Conseil de sécurité, avant d'en proposer une la semaine passée n'évoquant que la «nécessité» d'un cessez-le-feu. Une initiative jugée «hypocrite» par Moscou, qui a voté contre avec Pékin et Alger.
Netanyahou seul contre tous
De son côté, malgré les mises en garde de ses alliés, Benjamin Netanyahou persiste dans sa politique jusqu'au-boutiste dans l'enclave gazaouie. Le 22 mars, dans un message publié sur la plateforme X (ex-Twitter), le Premier ministre israélien a asséné : «Nous n’avons aucun moyen de vaincre le Hamas sans nous rendre à Rafah et y éliminer le reste des bataillons.» Il a de fait informé les autorités américaines qu'il espérait intervenir au sud de la bande de Gaza «avec le soutien des États-Unis». «Mais s'il le faut, nous le ferons seuls», a-t-il ajouté.
Selon des informations du média I24, les Israéliens auraient accepté le plan de compromis américain après la visite des chefs du Mossad et de la CIA à Doha pour arriver à un accord sur la libération de 40 otages en contrepartie de celle de 700 prisonniers palestiniens. La source nous apprend toutefois que l'État hébreu reste opposé à un cessez-le-feu dans l'enclave gazaouie.