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Lavrov : «Moscou soutient la proposition de François Hollande de fermer la frontière turco-syrienne»

Le ministre des Affaires étrangères russe a répondu aux questions des journalistes, au lendemain de l'incident impliquant un avion russe, abattu par l'aviation turque près de la frontière syrienne.

Le chef de la diplomatie russe a qualifié de «juste» la proposition du président de la République, émise lors d’une conférence de presse conjointe avec Barack Obama à Washington, portant sur la fermeture de la frontière entre la Turquie et la Syrie.

En fermant la frontière, «il sera possible de couper court à la menace terroriste en Syrie», a estimé Sergueï Lavrov devant les journalistes.

«Il est notable que le président Obama n’a pas réagi à cette proposition», a d’ailleurs noté le ministre.

«J’espère que demain [lors de sa visite à Moscou] le président Hollande pourra nous parler plus en détails de sa proposition. Nous sommes prêts à envisager réellement des mesures nécessaires pour la mettre en œuvre», a conclu le diplomate.

SU-24 russe abattu : deux versions pour un incident

«Nos données de contrôle aérien stipulent clairement que l’avion survolait le territoire syrien lorsqu’il a été abattu», a souligné Sergueï Lavrov, en commentant l’incident de l’avion russe, attaqué mardi par la Turquie. Cette dernière l’a accusé de violation de son espace aérien, même si cette «violation» a été extrêmement brève, d’après Moscou.

«Même si on prend en compte que le SU-24 a survolé l’espace aérien turc pour une durée totale de 17 secondes, je me suis rappelé de l’incident d’il y a trois ans, lorsque M. Erdogan avait estimé qu’une courte violation de l’espace aérien d’un pays ne peut jamais être un prétexte pour l’application de la force», a rappelé Sergueï Lavrov, en faisant référence à la Syrie, qui avait abattu un avion turc en 2012.

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Suite à l’incident, la ligne directe de communication entre les ministères de la Défense russe et turc qui a été établie à l’initiative de la Russie dès le début de l’opération aérienne en Syrie n’a pas été utilisé ni mardi ni mercredi, a encore fait savoir le chef de la diplomatie russe. «Cela suscite également des questions», a-t-il noté.

Raisons obscures des actions de la Turquie

L’incident impliquant l’avion russe était «un acte prémédité», a d’ailleurs estimé Sergueï Lavrov, en notant que les autorités turques «cherchaient vraisemblablement un prétexte» à une telle attaque.

Cependant, «il est difficile de juger des véritables raisons de telles actions», a commenté le diplomate.

Plus tôt dans la journée, le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu a fustigé la Russie pour «des attaques menées sur les turkmènes» en Syrie, qui auraient précédé d’après Ankara l’agression sur l’avion russe.

Cependant, la région soi-disant peuplée par les turkmènes, abrite non seulement plusieurs centaines voire des milliers de combattants terroristes, mais aussi leur infrastructure, y compris des centres de commandement et d’entraînement et des entrepôts d’armes, qui ont justement été visés par les frappes russes, a annoncé Sergueï Lavrov.

«J’ai demandé à mon homologue si les actions des autorités turques, y compris les propositions constantes de créer une zone tampon dans l’espace aérien au-dessus de cette région, ne visaient pas à protéger cette infrastructure. Je n’ai pas reçu de réponse», a-t-il dit.

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Relations russo-turques en danger ?

Les relations amicales entre les peuples ne dépendent pas des actions politiques, a souligné le ministre. Cependant, Moscou entend réévaluer «sérieusement» ses relations avec Ankara, a noté Sergueï Lavrov.

En répondant à la question sur les possibles mesures que la Turquie devrait adopter pour que les recommandations faites aux citoyens russes de ne pas la visiter soient levées, le ministre a estimé qu’«il faut en conclure que des attaques semblables à celle ayant eu lieu mardi sont absolument inadmissibles».

«On ne va pas entamer de guerre avec la Turquie», a cependant souligné le diplomate.

Règlement politique en Syrie en question

Avant que ne soit établie la liste concrète des organisations terroristes et celle des forces d’opposition qui agissent en Syrie, il sera extrêmement difficile de continuer le processus de négociations qui a été entamé à Vienne, a estimé Sergueï Lavrov.

«Il est incertain que les rencontres dans le format de Vienne pourront continuer tant que ces listes, dont l’établissement est prévu par les décisions de la dernière rencontre des négociateurs, ne seront pas établies», a souligné le diplomate.