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Syrie : après treize ans de guerre, l'opposition djihadiste d'Idlib se fracture

Le dernier bastion djihadiste syrien d'Idlib se fracture. Depuis plusieurs jours, la province du nord-ouest syrien est soumise à une vague de manifestations contre l'autorité du leader de Hayat Tahrir el-Cham, Abou Mohammad al-Jolani. Les habitants lui reprochent ses arrestations arbitraires, ainsi que des actes de tortures et des assassinats.

Le dernier bastion djihadiste d'Idlib, tenu fermement par Hayat Tahrir el-Cham (HTS), est soumis à une vague de manifestation contre la gouvernance d'Abou Mohammad al-Jolani. Les habitants de la province du nord-ouest syrien réclament sa démission et l'élection d'un nouveau conseil de la Choura pour gouverner les territoires djihadistes.

En, effet à l'occasion du treizième anniversaire du début du soulèvement contre les autorités syriennes, des milliers de manifestants sont descendus le 15 mars dans les rues de la province d'Idlib pour protester, non pas contre Bachar el-Assad, mais contre le leader du groupe djihadiste, Abou Mohammad al-Jolani. Ces rassemblements hostiles à la gouvernance du mouvement islamiste ont également été recensés au cours des derniers jours à Binnish, Taftanaz, Sarmada, Hazano, Al-Atareb, Ta'um, Al-Fu'a et Darat Azza, rapporte le média Al-Jazeera. 

Les manifestants exigent en effet un changement de gouvernance et une restructuration de l'appareil de sécurité. Tout a commencé le 25 février dernier, lorsqu'un ancien combattant de l'Armée syrienne libre (ASL) a été tué dans les geôles de l'organisation djihadiste, «c’est ce qui a fait exploser la rue», a expliqué un habitant d'Idlib au quotidien libanais L'Orient Le Jour. Des arrestations arbitraires, des actes de tortures et des assassinats sont dénoncés par les protestataires. Les manifestants réclament ainsi la libération «des prisonniers d’opinion, des détenus politiques et de toute personne qui n’aurait pas été condamnée», rapporte le média libanais.

Manifestations : Al-Jolani menace ceux qui franchiraient la «ligne rouge»

Le mouvement Hayat Tahrir el-Cham a en effet procédé à une vague d'arrestations contre des «agents de la Russie, du régime d'Assad et de la coalition internationale», dont des militaires et des agents de la sécurité. Le nombre de détenus avoisine les 1 000 personnes, souligne Al-Jazeera ainsi que le média arabe El Qods el arabi. Ce dernier cite le leader de HTS qui, face au vent de révolte dans la province d'Idlib, a menacé le 12 mars d'intervenir «sévèrement» à l'encontre de ceux qui franchiraient la «ligne rouge».

La province d'Idlib, dernier bastion djihadiste en Syrie, a longuement été sous l'influence d'Ankara, avec notamment l'utilisation de la monnaie turque depuis juin 2020. Or depuis le volte-face d'Erdogan concernant la Syrie d'Assad, le mouvement islamiste du nord-ouest syrien se retrouve esseulé. Appartenant à l'ancien front Al-Nosra et ayant participé au soulèvement djihadiste en Irak, Al-Jolani devient leader de HTS en 2017.

Le mouvement contrôle la majeure partie de la province d'Idlib et dispose d'une véritable armée de 30 000 hommes, dont 10 000 étrangers provenant de Jordanie, d’Arabie saoudite et d’Asie centrale, avec notamment une branche turkmène. L'organisation affronte également d'autres groupes terroristes dans la zone, à l'instar de l'État islamique ou de Hourras el-din, un mouvement qui n'a pas fait sécession avec Al-Qaïda.