Russie

Incitation à la haine : la justice russe lance un mandat d'arrêt contre un ex-ambassadeur ukrainien

Ce 4 mars, la justice russe a condamné par défaut l'ex-ambassadeur ukrainien au Kazakhstan Piotr Vroublievsky à deux mois de prison pour des propos qu'il avait tenus à l'été 2022. Il avait alors affirmé que Kiev voulait «tuer le plus de Russes possible».

«Le tribunal Basmanny de Moscou a (...) émis un mandat d'arrêt contre Piotr Vroublievsky. Il est condamné à deux mois de détention à partir du moment de son extradition sur le territoire russe ou bien à partir de sa mise aux arrêts», a déclaré le 4 mars la porte-parole du tribunal à l'agence Tass.

Les chefs retenus contre lui sont l'incitation sur internet à la haine à l'encontre de certaines personnes en raison de leur origine nationale, soit l'article 282 du code pénal de la Fédération de Russie. En février 2024 l'agence fédérale Rosfinmonitoring, chargée de la lutte contre le terrorisme et le blanchiment d'argent, avait placé Vroublievsky dans la liste des extrémistes et terroristes.

«Tuer le plus de Russes possible»

L'affaire remonte au 21 août 2022, lorsque Piotr Vroublievsky, alors ambassadeur d'Ukraine au Kazakhstan, avait accordé une interview au blogueur Dias Kouzaïrov. Invité à commenter la situation en Ukraine, le diplomate avait affirmé que le régime de Kiev «s'efforçait de tuer le plus de Russes possible», estimant que «plus nous en tuerons maintenant, moins nos enfants auront à le faire».

Une polémique n'avait pas tardé à prendre, le ministère kazakh des Affaires étrangères le convoquant sur le champ pour qu'il s'explique sur ses propos : «Nous avons adressé une invitation à l'ambassadeur et il a présenté ses excuses, expliquant sa réaction par sa grande nervosité due à la guerre en cours actuellement dans son pays», avait alors indiqué le porte-parole du ministère kazakh des Affaires étrangères. Ce dernier avait ajouté que de telles déclarations étaient «inacceptables» et que la diplomatie devait être «mise au service du rapprochement».

Moscou hausse le ton, Astana acquiesce

Son retour à Astana avait suscité l'ire de Moscou : «À notre grand regret, les assurances qui nous avaient été données selon lesquelles cet émissaire bandériste "ne reviendrait jamais" à Astana n'ont pas été suivies d'effet», avait déclaré en octobre 2022 Maria Zakharova dans un post sur sa chaîne Telegram.

Par la suite, le ministère russe des Affaires étrangères avait convoqué l'ambassadeur du Kazakhstan à Moscou pour lui signifier que cette situation était «catégoriquement inacceptable». Astana avait alors infléchi sa position, soutenant que le diplomate était devenu persona non grata et ne serait désormais plus reçu par les autorités kazakhes.

Le porte-parole de la diplomatie kazakhe avait quant à lui souligné que les propos de Vroublievsky avaient «heurté la sensibilité des Kazakhs, en particulier de ceux qui sont ethniquement russes». La séquence s'était achevée le 18 octobre avec la décision de Zelensky de remplacer Vroublevsky à la tête de la mission diplomatique.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, de nombreuses déclarations haineuses envers les Russes ont été relevées. Parmi celles-ci, celle de Kirill Boudanov, chef du renseignement militaire ukrainien. Interrogé au sujet de sa responsabilité dans l'attentat qui avait coûté la vie, le 20 août 2022, à la journaliste russe Daria Douguina, il avait affirmé : «Tout ce que je peux dire à ce sujet, c'est que nous avons tué des Russes et que nous continuerons à tuer des Russes partout dans le monde jusqu'à la victoire complète de l'Ukraine.»