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Argentine : devant le Parlement, Milei déclare être prêt «au conflit» pour réformer

Dans son premier discours sur l'État de la nation le 1er mars, le président argentin Javier Milei s'est dit déterminé à pousser plus avant ses réformes «avec ou sans soutiens» politiques, avertissant au Parlement jusqu'ici rétif qu'il est prêt «au conflit».

Le président argentin Javier Milei s'est dit déterminé à pousser plus avant ses réformes «avec ou sans soutiens» politiques. S'exprimant ce 1er mars devant le parlement argentin jusqu'ici rétif lors de son premier discours sur l'État de la nation, il avertissait qu'il était prêt «au conflit».

Dans le même temps, il a appelé les Argentins à faire preuve de «patience et confiance» face à ses mesures de dérégulation et d'austérité budgétaire. «ll faut encore du temps avant que nous puissions récolter les fruits de l'assainissement économique et des réformes [...] mais pour la première fois de l'Histoire, nous attaquons le problème par sa cause. Pour cela je vous demande patience et confiance», a-t-il déclaré.

«L'effort va valoir la peine», leur a assuré Javier Milei, dont le gouvernement a opéré en moins de trois mois une dévaluation de plus de 50%, une libéralisation des prix, une large déréglementation et des coupes budgétaires drastiques.

Offensif, il a mis en garde les parlementaires qui, en février, lui ont infligé son premier revers en retoquant son ambitieux train de réformes dérégulatrices (660 dispositions). «Nous allons changer le pays pour de bon [...] avec ou sans le soutien des dirigeants politiques, avec toutes les ressources légales de l'exécutif».

Il a rappelé aux députés, que ces dernières semaines il traitait de «nid à rats», «corrompus», «symboles de la caste» politique, que par décret, modifications règlementaires, ou projets de loi, il dispose d'outils de «lutte contre le déficit budgétaire, qui est pour nous la mère des batailles». «Si vous cherchez le conflit, vous aurez du conflit», a-t-il menacé. 

Milei annonce un projet de «loi anti-caste»

Pour autant le chef de l'État a tendu la main à la classe politique, aux influents gouverneurs des provinces, dirigeants de partis et anciens présidents pour forger un «nouveau contrat social» sur la base de dix principes éminemment libéraux: équilibre budgétaire «non négociable», propriété privée «inviolable», dépense publique réduite au niveau «historique» de 25% du PIB, notamment. 

Un «Pacte de Mai», comme il l'a baptisé, qui serait signé à Cordoba (nord) symboliquement le 25 mai, jour de l'anniversaire de la révolution (1810) qui mena à l'indépendance (1816).

Javier Milei, transgressif comme il aime à se présenter, avait programmé son discours à une heure de grande écoute, 21h, pour que «le plus grand nombre possible d'Argentins puissent écouter le président après leur travail», selon la présidence.

Il a longuement fait l'inventaire de 20 ans de politique gouvernementale «appauvrissante», la qualifiant «de banqueroute morale et intrinsèquement injuste» qui n'a profité qu'à une «caste politique».

Il a ainsi annoncé un projet de «loi anti-caste» avec diverses propositions, notamment une limite des mandats pour les dirigeants syndicaux, la réduction du nombre d'assistants parlementaires et la fin des avantages pour les anciens présidents.

Fermeture de l'agence de presse Télam

Le président argentin a également annoncé la fermeture de l'agence de presse publique Telam (700 salariés), l'un des médias qui était dans le viseur du nouveau gouvernement, devenue selon lui «agence de propagande» des gouvernements péronistes. Un discours offensif «qui a bien mis toute la viande sur le grill», s'est félicité devant l'AFP le député pro-Milei Jose Luis Espert. 

Au contraire, la députée de gauche Myriam Bregman a dénoncé «un rideau de fumée pour ne pas parler de ce qu'on vit, prix de fous, manque de nourriture aux soupes populaires, hausse des loyers».

«Ça me retourne l'estomac. Ce qui est en train de se passer est une extermination des pauvres», enrageait Elba Sarmiento, une artisane de 37 ans, avec quelques centaines de manifestants sur la place du Parlement.

Javier Milei «a ce ton de confrontation, de "tout ou rien" radicalisé pour soutenir son narratif, qui est : "Nous faisons des changements structuraux"», analyse pour l'AFP le politologue Ivan Schuliaquer. 

Le président qui claironne comme premiers résultats un excédent budgétaire mensuel en janvier, chose inédite depuis 12 ans se sent pour l'heure conforté par les sondages. Malgré le choc négatif sur le pouvoir d'achat, il reste autour de 50% d'image positive, non loin de son score à la présidentielle (56%).

En matière d'économie «"il fallait faire quelque chose", "accepter et tenir le coup", voici ce que disent la plupart des électeurs de Milei dans nos enquêtes", assure à l'AFP le sondeur Raul Timmerman. Les autres, ceux qui ont voté contre lui, «disent que "ça peut exploser à tout moment"».