Pour la cinquième fois depuis le début du conflit à Gaza, le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken est en tournée au Moyen-Orient. Vivement critiqué pour son soutien inconditionnel à l'État hébreu depuis quatre mois en dépit des représailles contre la bande de Gaza, Washington tente de trouver un compromis en prônant un accord sur la libération des otages.
Malgré l'alliance historique et fraternelle qui unit les deux pays, les désaccords entre l'administration Biden et le gouvernement Netanyahou se font de plus en plus apparents. Rencontrant le Premier ministre israélien le 7 février, Antony Blinken a fait savoir qu'il espérait arriver à un accord sur la libération des otages et ce, alors que le chef du Likoud a déclaré le même jour que l'armée israélienne devait «se préparer» à une offensive sur Rafah, au sud de la bande de Gaza à la frontière égyptienne.
Lors de son entrevue avec Benjamin Netanyahou, le chef de la diplomatie américaine a insisté sur les «derniers efforts visant à obtenir la libération de tous les otages et à garantir que les événements du 7 octobre ne se reproduisent plus», tout en soulignant «l'importance de protéger les civils à Gaza et de veiller à ce qu'une aide humanitaire accrue parvienne aux personnes dans le besoin», a-t-il publié sur la plateforme X (Ex-Twitter) le 7 février.
Reste que plusieurs puissances régionales réclament le retrait total des forces israéliennes de la bande de Gaza, et non un simple cessez-le-feu. L'Arabie saoudite a de surcroît demandé le 7 février la création d'un État palestinien selon les frontière de 1967 – une condition préalable à toute normalisation avec Israël.
Craintes de déshumanisation
Lors d'une conférence de presse à l'ambassade américaine de Jérusalem, Antony Blinken a déclaré qu'«Israël a été déshumanisé» le 7 octobre mais que cela ne devait pas constituer un prétexte pour «déshumaniser les autres», en précisant que «la grande majorité des habitants de Gaza n'a rien à voir avec les attaques du 7 octobre».
Des propos qui semblent cibler plusieurs officiels israéliens, à l'instar du ministre de l'Héritage Amichay Eliyahu qui suggérait l'utilisation d'une bombe nucléaire sur Gaza ou encore du ministre de la Défense Yoav Gallant qui déclarait au début du conflit que les Gazaouis étaient des «animaux humains».
Dans la même journée, Antony Blinken s'est entretenu avec Mahmoud Abbas, le chef de l'Autorité palestinienne, à Ramallah. Le leader palestinien a exhorté les États-Unis à redoubler d’efforts pour mettre un terme à «l’agression israélienne», rapporte le média The Times of Israël.
Les États-Unis ont augmenté leur aide militaire à Israël
En plus des 3 milliards de dollars d'aide annuelle, en novembre dernier, le président américain avait demandé au moins 14,3 milliards de dollars d’aide supplémentaire pour l'État hébreu, rapportait un article d'Axios. Cette nouvelle enveloppe comprend notamment de l’argent pour les systèmes de défense aérienne et antimissile, y compris le Dôme de fer.
Mahmoud Abbas a également fait part de sa «déception» concernant la récente interdiction d'entrée sur le territoire américain approuvé par la Chambre des représentants à l’encontre des membres de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), ainsi que du Hamas et du Jihad islamique.
Lors d'une réunion tenue fin janvier à Paris, la CIA et de hauts responsables égyptiens, qataris et israéliens ont évoqué les modalités d'un accord sur la libération des otages. Le parti islamiste palestinien a fait savoir au Qatar que le mouvement y était favorable, mais compte tenu de la volonté israélienne de continuer la guerre à Gaza, les Américains tentent de sauver les meubles au Moyen-Orient.