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Mer Rouge : les Houthis ne cèdent pas à Washington, le commerce maritime international de plus en plus perturbé

Le mouvement Ansar Allah a fait savoir qu'il continuerait «d'empêcher la navigation associée à l'ennemi israélien». Les opérations menées par le mouvement houthi en mer Rouge perturbent le trafic maritime international. Les compagnies de transport doivent contourner le continent africain, occasionnant déjà des retards de livraisons.

Malgré les frappes américano-britanniques, les Houthis ne comptent pas arrêter leurs opérations en mer Rouge. Dans une allocution le 16 janvier, le porte-parole du mouvement Yahya Saree a martelé que les rebelles yéménites continueraient «d'appliquer la décision d'empêcher la navigation israélienne ou celle associée à l'ennemi israélien», et ce jusqu'à «ce que l'agression cesse et que le siège du peuple palestinien inébranlable dans la bande de Gaza soit levé».

Une chose est sûre : les attaques répétées des Houthis en mer Rouge perturbent le commerce international. De nombreuses compagnies de transport doivent s'adapter à cette nouvelle donne géopolitique. En effet, environ 12% du commerce maritime mondial passe normalement par le détroit de Bab al-Mandeb, qui contrôle l'accès au sud de la mer Rouge, mais depuis la mi-novembre, le nombre de conteneurs a chuté de 70%, selon les experts maritimes.

De nombreux retards de livraisons

À ce titre, nombre de cargos préfèrent emprunter une voie plus longue et plus coûteuse, à savoir contourner le continent africain via le cap de Bonne-Espérance plutôt que de risquer le passage de Bab el-Mandeb.

Plusieurs entreprises ont déjà annoncé des retards dans leurs livraisons, à l'instar le géant suédois Ikea. «La situation dans le canal de Suez va occasionner des retards», a indiqué l'entreprise dans un courriel à l'AFP.

La production d'automobiles est également impactée par les opérations des Houthis. Ainsi, Tesla a précisé que sa production serait suspendue pendant deux semaines dans son usine européenne, entre le 29 janvier et le 11 février. Même décision de la part de l'usine de Volvo à Gand (Belgique), l'entreprise devant être fermée trois jours mi-janvier, faute de boîtes de vitesses, dont la livraison a pris du retard à cause de «réajustements dans les voies maritimes».

En Espagne, l'Association des entreprises de fabrication et de distribution (Aecoc) a indiqué que plusieurs secteurs avaient procédé à des commandes anticipées pour certaines matières premières et marchandises, comme les meubles ou le textile, pour pallier les éventuels retards suite à la perturbation du trafic.

Enfin, le transport de gaz naturel liquéfié (GNL) «sera affecté» par l'escalade en mer Rouge, a affirmé le 16 janvier le Premier ministre du Qatar, Mohammed ben Abdulrahmane Al-Thani, lors du Forum économique mondial à Davos.

La veille, le commissaire européen à l'Économie Paolo Gentiloni avait prévenu : «Ce qui se passe en mer Rouge semble, pour l'instant, ne pas avoir de conséquences sur les prix de l'énergie et l'inflation. Mais nous pensons qu'il faut surveiller cela de très près car ces conséquences pourraient se matérialiser dans les semaines à venir».

Les Houthis reclassés organisation terroriste par Washington

D'ailleurs, trois des principaux transporteurs maritimes japonais ont confirmé ce 17 janvier à l'AFP qu'ils suspendaient le transit de tous leurs cargos par la mer Rouge, en raison des risques sécuritaires liés aux opérations des Houthis.

Nippon Yusen a pris cette décision pour «garantir la sécurité des équipages», a expliqué à l'agence de presse française un porte-parole du groupe. Les entreprises Mitsui OSK Lines et Kawasaki Kisen ont elles confirmé vouloir éviter totalement la zone. «Les navires que nous exploitons et qui sont sur le point de pénétrer dans la mer Rouge sont priés de ne pas y entrer», a déclaré à l'AFP un porte-parole de la société Mitsui OSK Lines, confirmant une information du quotidien japonais Nikkei.

Un navire grec battant pavillon maltais a été touché le 16 janvier par un missile des Houthis au large du Yémen sans faire de blessés, selon une source au sein du ministère grec de la Marine.

Alors que Joe Biden avait retiré les Houthis de la liste des organisations terroristes en février 2021 pour permettre l'acheminement de l'aide humanitaire au Yémen, Washington a annoncé ce 17 janvier reclasser le mouvement rebelle yéménite comme étant une entité «terroriste».