«Le pas franchi par Javier Milei ramène l’Argentine au XIXe siècle», a déclaré le le président du Vénézuela Nicolas Maduro lors d'une interview au Monde diplomatique publiée le 1er janvier. Le chef d'État vénézuélien était interrogé au sujet de l'annonce fin décembre par l'Argentine de son refus d'adhérer aux BRICS, qu'elle était censée rejoindre au 1er janvier.
En outre, Maduro a qualifié cette décision d'«une des choses les plus maladroites et les plus imbéciles que Milei ait faites contre l’Argentine».
Alors que l'adhésion du pays avait été approuvée lors du dernier sommet des BRICS au mois d'août, en même temps que celle de cinq autres pays (Arabie saoudite, Égypte, Émirats arabes unis, Éthiopie et Iran), le président argentin a adressé le 29 décembre une lettre à chacun des membres de l'organisation intergouvernementale pour les informer que «l'incorporation de la République argentine aux BRICS en tant que membre à part entière à partir du 1er janvier 2024 n'est pas considérée comme appropriée». Dans la foulée, la cheffe de la diplomatie argentine, Diana Mondino, avait déclaré que des raisons «idéologiques» étaient également entrées en ligne de compte, en sus des motifs pratiques.
Durant sa campagne, le futur président argentin avait fait part de son hostilité à l’égard de plusieurs pays - dont la Chine -, et de dirigeants étrangers, en particulier Nicolas Maduro qu'il avait qualifié de «dictateur». «Nous refusons de faire un pacte avec des communistes !», avait lancé le 16 août le candidat à Bloomberg. «D'un point de vue géopolitique, nous nous alignerons avec l'Occident, incarné pour nous pas les Etats-Unis et avec Israël», avait-il déclaré, menaçant même de retirer l’Argentine du Mercosur, à travers lequel Buenos Aires entretient une alliance commerciale avec le Brésil de Lula da Silva.
«Les BRICS sont l'avenir de l'humanité»
Aux yeux de Maduro, «le projet Milei est une construction qu'ils ont créée pour mettre les griffes sur l'Argentine, la sortir du monde multipolaire, en faire un vassal du monde impérial unipolaire», ajoutant que le but était de «détruire l’État, détruire son économie, détruire son identité». Pour le président vénuézulien, «en sortant l’Argentine des BRICS, Milei «agit contre les Argentins, contre les travailleurs argentins, contre les hommes d’affaires argentins», y voyant un «projet colonial rétrograde du XIXe siècle».
A l'inverse, le président vénézuélien a dit parier sur les BRICS, «dans le cadre de ce nouveau monde, du nouvel équilibre, dans le cadre du concept géopolitique bolivarien d’un monde d’équilibre, d’un monde d’égaux». Pour Maduro, qui espère que la candidature vénézuélienne sera acceptée lors du prochain sommet, les BRICS sont «l'avenir de l'humanité», disposant notamment d'une «banque puissante», la Nouvelle banque de développement, présidée par l'ancienne présidente du Brésil Dilma Rousseff.
Côté russe, l’ambassadeur en Argentine Dmitri Feoktistov s'est voulu rassurant concernant les intentions de l’équipe du nouveau président argentin. «On nous a affirmé qu'il n'y aurait pas de révision des accords signés», a confié le diplomate à la presse le 28 décembre, à l'issue d’une rencontre avec Diana Mondino. «Il n'y aura aucun recul dans aucun domaine», a-t-il ajouté.
Depuis le 1er janvier, la Russie assure la présidence tournante des BRICS. Lors de son allocution prononcée à l'occasion du premier jour de ce mandat, Vladimir Poutine a indiqué que la Russie entendait mettre l'accent sur «la politique et la sécurité», «l'économie et la finance», ainsi que «les contacts culturels et humanitaires».