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Jérusalem : le Patriarcat arménien dénonce l'attaque de sa communauté par «plus de 30 provocateurs armés»

Dans un communiqué, le Patriarcat arménien de Jérusalem a condamné une attaque par «plus de 30 provocateurs armés» contre des membres de son clergé, évoquant une «menace existentielle». Cet incident fait suite à un contentieux juridique concernant le rachat des terres arméniennes de la ville trois fois sainte par un promoteur juif australien.

«Une attaque physique massive et coordonnée a été lancée contre des évêques, des prêtres, des diacres, des séminaristes et d'autres membres de la communauté arménienne à Jérusalem», a dénoncé le 28 décembre dans un communiqué le Patriarcat arménien, condamnant cette attaque menée selon lui par «plus de 30 provocateurs armés». Ces derniers étaient munis de «puissants agents neurotoxiques». Les agitateurs ont «fait irruption dans le jardin des vaches et ont commencé leur assaut vicieux», précise le communiqué. 

Le Patriarcat précise que plusieurs blessés graves sont à déplorer. Cet incident fait suite à un projet d'expropriation de 25% d'un district de la ville trois fois sainte par un promoteur israélo-australien qui veut construire à cet endroit un hôtel de luxe. 

«La menace existentielle qui pèse sur le Patriarcat arménien est désormais une réalité physique»

Le Patriarcat a martelé que «la menace existentielle» qui pesait sur le Patriarcat arménien était à présent «une réalité physique». «C'est la réponse criminelle», a-t-il indiqué suite à un contentieux judiciaire sur l'expropriation d'une partie du quartier arménien, accusant «l'homme d'affaires australo-israélien Danny Rothman (Robenstein) et [son associé] George Warwar (Hadad)». 

Le communiqué lance de surcroît un appel au «monde entier et aux médias internationaux» pour sauver le quartier «d'une mort violente qui est soutenue localement». Le Patriarcat a également demandé aux autorités israéliennes d'ouvrir une enquête contre les promoteurs. «Israël est un État de droit» et «un tel comportement criminel ne peut être toléré et rester impuni», a-t-il rappelé.

Les Arméniens de la ville trois fois sainte étaient descendus dans la rue le 23 novembre pour faire part de leur colère face au projet de rachat d'un quart de leur terre sur un bail de 99 ans par des communautés de colons israéliens cherchant à construire un complexe de luxe, indique le média Terre Sainte.  Le 16 novembre, le Patriarcat arménien de Jérusalem avait tenté d'alerter la communauté internationale sur «cette menace existentielle et territoriale». Rapportée par le site Armenpress, la lettre évoque notamment l'annulation du contrat foncier «entaché de fausses déclarations, d'influence indue et d'avantages illégaux».

Un autre conflit interethnique dans la ville trois fois sainte

Les promoteurs ont «préféré opter pour la provocation, l'agression et d'autres tactiques de harcèlement et d'incendie, notamment la destruction de biens, l'embauche de provocateurs lourdement armés et d'autres formes d'instigation», a accusé la communauté arménienne.

Le média Middle East Eye rapporte qu'ils ont même utilisé des bulldozers et des camions pour faire pression sur la partie arménienne, au mois de novembre. Le contrat foncier avait été signé en catimini en 2021, selon le média qatari.

La communauté chrétienne de Jérusalem ne cesse de se réduire comme peau de chagrin. Aujourd'hui, elle s'élève à environ 2 000 habitants. Selon les autorités chrétiennes, comme le patriarche grec orthodoxe de Jérusalem Théophile III en janvier 2022, les pressions des colons juifs et la volonté des autorités israéliennes de judaïser la ville trois fois sainte explique en grande partie l'étiolement de la population chrétienne.