Des manifestants ont bloqué ce 25 décembre la petite rue du centre de la capitale où se trouve le siège du ministère de l'Administration publique et de l'Autonomie locale, qui avait auparavant opposé une fin de non-recevoir à leurs demandes.
Les manifestants, majoritairement des étudiants de l'organisation «Borba» (Combat), ont rejoint le mouvement de l'opposition lancé le 18 décembre, au lendemain des scrutins. Ils réclament la révision de la liste électorale qui, selon eux, est à l'origine de la fraude électorale.
«Je suis née en 2002 et je ne pensais pas qu'il faudrait, comme mes parents l'ont fait, se battre pour la démocratie dans la rue», a dit une étudiante de la Faculté de sciences politiques, Emilija Milenkovic. «Mais je dois le faire», a ajouté la jeune femme de 21 ans portant un badge du mouvement étudiant Otpor (Résistance), qui avait participé à la contestation contre le pouvoir de Slobodan Milosevic au début des années 2000.
Le parti du président Aleksandar Vucic a revendiqué la victoire aux législatives du 17 décembre. L'opposition et des représentants de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) ont dénoncé une série d'«irrégularités», notamment «l'achat de voix» et «le bourrage des urnes».
Plusieurs centaines de personnes ont depuis manifesté quotidiennement devant la Commission électorale serbe. Des membres de la principale liste d'opposition, Serbie sans violence, ont entamé une grève de la faim dans le but de faire annuler les résultats.
Le 24 décembre, des manifestants contestant ces résultats ont attaqué la mairie de Belgrade, brisant des fenêtres à coups de pierres, avant d'être repoussés par la police. Le président Vucic a affirmé que deux policiers avaient été «grièvement blessés» pendant la manifestation, tandis que plus de 35 personnes ont été arrêtées.
Moscou dénonce une ingérence occidentale
La Russie, alliée historique de la Serbie, a dénoncé une ingérence occidentale : «Il est évident que l'Occident collectif cherche à déstabiliser la situation dans le pays», a déclaré la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, citée par l'agence publique RIA Novosti, en comparant les manifestations en Serbie à celles du Maïdan à Kiev, qui ont abouti à l'arrivée au pouvoir de pro-Occidentaux en Ukraine début 2014.
«Les tentatives de forces tierces, y compris depuis l'étranger, de provoquer de tels troubles à Belgrade sont évidentes», lui a fait écho le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, lors de son point de presse quotidien.
Le député Radomir Lazovic, membre de la principale coalition d'opposition, qui a été frappé par la police lors des incidents de dimanche, a dit à l'AFP qu'il y avait «toujours une possibilité de tout arrêter s'ils avouent la fraude et annulent les élections».