La situation se tend entre Belgrade et Berlin. «Qu'est-ce que l'Allemagne essaye de faire en Serbie ?», a demandé le 21 décembre au président Aleksandar Vucic un journaliste de la chaîne Pink TV, évoquant «une rhétorique agressive» de députés européens allemands.
«Nos institutions préparent une lettre importante sur l'influence et l'ingérence d'un pays important dans le processus électoral en Serbie», a répondu Aleksandar Vucic. «Je crois que la lettre sera achevée dans dix jours, d'ici le Nouvel An, et ensuite, avant le Noël orthodoxe [le 7 janvier], nous pourrons l'envoyer au monde entier afin qu'ils voient comment ce genre d'ingérence a lieu», a ajouté le président serbe, en visite sur le chantier d'un viaduc à Vrbas (nord).
«La #Serbie a voté, mais @osce_odihr rapporte des abus de ressources publiques, des intimidations d'électeurs et des cas d'achat de voix. C'est inacceptable pour un pays ayant le statut de candidat à l'UE», avait posté le 18 décembre sur X (ex-Twitter) le ministère allemand des Affaires étrangères, quelques heures après un sévère rapport de la mission internationale d'observation menée par l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), le Parlement européen et le Conseil de l'Europe. Des «cas d'irrégularités graves, notamment des achats de voix et des bourrages d'urnes», ont été observés, avait affirmé la mission.
Le 20 décembre, la commission électorale a annoncé que de nouveaux scrutins seraient réorganisés dans 30 des 8 000 bureaux de vote. Aleksandar Vucic a souligné que les infractions étaient mineures.
Le parti présidentiel (SNS) est sorti vainqueur des élections législatives, selon de premiers résultats, avec 46,7% des voix. Mais l'opposition, unie sous la bannière «Serbie contre la violence» et totalisant 23,5% des voix, dénonce des fraudes et demande que le scrutin soit annulé.
Les réactions internationales ont été variées. Le Kremlin s'est «félicité» de la victoire du camp Vucic, et le Premier ministre hongrois Viktor Orban a salué «l'écrasante victoire» du SNS.
Les États-Unis ont déclaré vouloir coopérer avec la Serbie pour «renforcer» la démocratie, tout en s'abstenant de commenter les allégations d'irrégularités. Et L'Union européenne a estimé que le processus électoral nécessitait des améliorations et des réformes.
Aleksandar Vucic s'est par ailleurs réjoui le 21 décembre d'avoir reçu les félicitations du président français, Emmanuel Macron, ce que l'Élysée a confirmé à l'AFP.