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En visite en Israël, Catherine Colonna à mi-chemin entre la solidarité et la condamnation des actions de l'État hébreu

En déplacement en Israël pour la quatrième fois en deux mois, Catherine Colonna a réitéré sa solidarité avec l'État hébreu tout en déplorant les pertes civiles gazaouies. Concernant la question de la colonisation et des violences perpétrées par les colons israéliens, la cheffe de la diplomatie française a haussé le ton.

C'est la quatrième visite de la cheffe de la diplomatie française en Israël en l'espace de deux mois. Catherine Colonna s'est rendue sur place le 17 décembre pour rappeler «le droit d'Israël à se défendre» et «contribuer à éviter l'embrasement régional». 

Lors d'un entretien avec son homologue israélien Elie Cohen, la ministre française des Affaires étrangères a regretté la mort des civils palestiniens dans l'enclave gazaouie, expliquant qu'ils n'ont pas «à payer pour des crimes terroristes qu'ils n'ont pas commis». Catherine Colonna a d'ailleurs mis en exergue «l’urgence d’une trêve humanitaire à Gaza pour la libération des otages et l’accès humanitaire». Le 16 décembre, un communiqué du Quai d'Orsay a condamné un bombardement israélien à Rafah dans le sud de l'enclave gazaouie qui a entraîné la mort d'un agent palestinien travaillant pour le compte de Paris. 

Colonna témoigne de la «solidarité de la France avec le peuple israélien»

Face aux propos de Catherine Colonna, le chef de la diplomatie israélienne a estimé qu'un cessez-le-feu serait une «erreur» et un «cadeau pour le Hamas». Pour tempérer, lors d'une conférence de presse, la ministre française a tenu à «témoigner de la solidarité de la France avec le peuple israélien» et notamment vis-à-vis des femmes qui ont subi des «exactions barbares [...] par leur caractère systématique et peut-être même systémique». De plus, sur la plateforme X (ex-Twitter), elle a rappelé qu'il n'y aurait «ni silence, ni déni» face à ces crimes. 

Outre les dirigeants israéliens, Catherine Colonna a également rencontré des responsables de l'Autorité palestinienne proches de Ramallah. Elle a d'ailleurs insisté sur le fait que le parti de Mahmoud Abbas devait être «conforté et non affaibli».

Paris regrette l'accélération des colonies

Dans les territoires occupés, elle a déploré le fait que «la construction de colonies s’accélère, en violation flagrante du droit international». «Des colons commettent des exactions envers des Palestiniens, les privant de leurs droits et de leurs terres», a-t-elle d'ailleurs précisé. Avant de conclure : «Des mesures seront prises.»

Le 15 décembre, dans un communiqué conjoint, la France, l’Australie, la Belgique, le Canada, le Danemark, l’Espagne, la Finlande, l’Irlande, le Luxembourg, la Norvège, les Pays-Bas, le Royaume-Uni, la Suède et la Suisse ont appelé Israël à prendre des mesures concrètes pour faire cesser la violence sans précédent des colons israéliens en Cisjordanie occupée. Le texte fait état de «plus de 343 attaques violentes» depuis le début du mois d'octobre. 

La France avait déjà haussé le ton sur la question des colons. «Ces violences doivent cesser et il est de la responsabilité des autorités israéliennes de s’en assurer et de poursuivre leurs auteurs», avait déclaré le 7 décembre, lors d'une conférence de presse, la porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Anne-Claire Legendre. «Nous envisageons des mesures d’interdiction du territoire français et le gel des avoirs au niveau national mais également européen», avait-elle précisé

Face à la recrudescence des violences, Washington, premier allié de l'État hébreu, a pour sa part sanctionné les colons israéliens. Le 5 décembre, le porte-parole du gouvernement américain Antony Blinken a publié un message sur X annonçant «une nouvelle politique de restrictions de visa ciblant les individus et les membres de leur famille impliqués ou contribuant de manière significative à des actions qui compromettent la paix, la sécurité et la stabilité en Cisjordanie». Les États-Unis ont toutefois maintenu leur soutien à l'égard d'Israël, ayant notamment imposé leur veto contre une résolution de cessez-le-feu à Gaza le 9 décembre au Conseil de sécurité de l'ONU.

La position de Paris a été fluctuante depuis le début du conflit le 7 octobre. Après avoir soutenu l'État hébreu, la diplomatie française a regretté les pertes civiles massives dans la bande de Gaza. Néanmoins, mi-novembre, après avoir exhorté Israël à cesser les bombardements sur les zones civiles à Gaza, Emmanuel Macron a rétropédalé en réaffirmant son soutien à Israël. Le président français s'est notamment fait critiquer par Benjamin Netanyahou qui lui a reproché d'avoir «commis une grave erreur».