A pied, à moto, entassés dans des charrettes ou leurs bagages empilés sur les toits de leurs voitures, des milliers de civils continuent ce 5 décembre de fuir vers le sud, acculés dans un périmètre de plus en plus exigu près de la frontière fermée avec l'Egypte et confrontés à une situation humanitaire catastrophique.
Engagée depuis le 27 octobre dans une offensive terrestre contre le Hamas dans le nord de la bande de Gaza, l'armée israélienne a étendu ses opérations au sol à l'ensemble du territoire, près de deux mois après le début de la guerre déclenchée par l'attaque sanglante du Hamas contre Israël le 7 octobre.
«Nos forces encerclent Khan Younès dans le sud de la bande de Gaza», a déclaré le chef d'état-major de l'armée israélienne, Herzi Halevi, dans un communiqué. «Nous avons sécurisé de nombreux bastions du Hamas dans le nord de la bande de Gaza, et nous menons maintenant des opérations contre ses bastions dans le sud», a-t-il poursuivi.
«Nos forces trouvent des armes dans presque tous les bâtiments et maisons, des terroristes dans de nombreuses maisons et les affrontent», a-t-il ajouté.
Des sources du Hamas et du Jihad islamique ont indiqué à l'AFP que leurs combattants mènent de violents affrontements avec les troupes israéliennes dans le but de les empêcher d'entrer dans Khan Younès et les secteurs situés à l'est de la ville, ainsi que dans les camps de réfugiés à proximité.
Selon le bureau de presse du gouvernement du Hamas, des tirs d'artillerie ont fait «des dizaines de morts et de blessés» dans la nuit du 5 au 6 décembre dans plusieurs villages à l'est de Khan Younès, et l'armée israélienne a également attaqué plusieurs autres secteurs de la bande de Gaza.
Selon le ministère de la Santé du Hamas, des frappes aériennes israéliennes contre le camp de Nousseirat, dans le centre du territoire, ont fait ainsi six morts et 14 blessés. D'après la même source, d'autres frappes sur le camp de Jabalia ont fait plusieurs morts et blessés, et le directeur d'une clinique de Khan Younès, Ramez al-Najjar, a été tué dans un raid israélien contre son domicile.
Commandants «éliminés»
Sur sa chaîne Telegram, l'armée israélienne a par ailleurs affirmé avoir tué «la plupart des hauts commandants» des brigades du Hamas opérant depuis un réseau de tunnels dans le nord de la bande de Gaza, et a diffusé une photo montrant cinq hauts responsables du mouvement palestinien qu'elle dit avoir «éliminés».
Depuis la reprise des hostilités le 1er décembre, à l'expiration d'une trêve de sept jours, des centaines de milliers de civils venus se réfugier lors de la première phase de la guerre sont désormais contraints de fuir sur quelques kilomètres pour tenter d'échapper une nouvelle fois aux bombes et aux combats qui s'étendent vers le sud.
«Nous voici, errant dans les vastes étendues de la terre de Dieu, à la recherche d'un lieu où nous réfugier. Il semble qu'il n'y ait aucun endroit pour nous abriter», se lamente auprès de l'AFP Oumm Mahmud Tanasi, une habitante de Khan Younès en route vers Rafah, à la frontière avec l'Egypte.
«Aucun endroit n'est sûr à Gaza. Ni les hôpitaux, ni les abris, ni les camps de réfugiés. Personne n'est en sécurité. Ni les enfants. Ni les travailleurs de la santé. Ni les humanitaires. Ce mépris flagrant des bases de l'humanité doit cesser», a affirmé le coordinateur de l'aide d'urgence de l'ONU, Martin Griffiths, cité dans un communiqué.
Le Programme alimentaire mondial (PAM) a souligné que la distribution de l'aide humanitaire était désormais «presque impossible» dans la bande de Gaza et que la reprise des hostilités «ne fera qu'intensifier la crise alimentaire catastrophique qui menace déjà de submerger la population civile».
L’aide n’est plus distribuée qu’à Rafah
Selon le Bureau des nations unies pour la coordination des affaires humanitaires (Ocha), Rafah est désormais le seul endroit du territoire où de l'aide humanitaire est encore distribuée, en quantité limitée. L'aide n'arrive pratiquement plus à Khan Younès, et l'accès aux zones situées plus au nord est coupé depuis la reprise des combats.
L'armée israélienne largue chaque jour sur Khan Younès des tracts avertissant de l'imminence d'un bombardement, ordonnant aux habitants de quitter leur quartier. Mais l'ONU, qui a calculé que 28% du territoire la bande de Gaza tombe désormais sous le coup de ces ordres d'évacuation, a jugé «impossible» de mettre en place des zones sécurisées pour accueillir les civils telles que désignées par Israël.
Le 5 décembre, de nouvelles scènes de chaos se sont répétées à l'hôpital Nasser de Khan Younès, le plus grand du sud de la bande de Gaza, où des patients sont soignés à même le sol. Sous les sirènes des ambulances, des blessés étaient transportés, parfois allongés dans de simples remorques ou portés par leurs proches, selon des images de l'AFP.
Selon l'ONU, 1,9 million de personnes, soit environ 85% la population, ont été déplacées par la guerre dans la bande de Gaza où plus de la moitié des habitations sont détruites ou endommagées.
Selon le ministère de la Santé du Hamas, 16 248 personnes, à plus de 70% des femmes, des enfants et des adolescents, ont été tuées dans la bande de Gaza depuis le début des bombardements le 7 octobre.
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En Israël, l'attaque menée par des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza a fait 1 200 morts, en majorité des civils, selon les autorités. En représailles, Israël a promis de détruire le Hamas au pouvoir dans la bande de Gaza depuis 2007.
D'après le gouvernement israélien, 138 otages enlevés en Israël le 7 octobre sont toujours retenus à Gaza, après la libération pendant la trêve de 105 otages, dont 80 en échange de 240 prisonniers palestiniens détenus par Israël.