L’accord prévoyant la livraison à Kiev d’une centaine de véhicules de transport de troupes est renvoyé devant le Parlement bulgare suite au veto opposé par le président du pays, Roumen Radev. Dans un communiqué publié ce 4 décembre sur le site de la présidence bulgare, le chef d’Etat a motivé sa décision par les «conséquences négatives possibles» de cet accord.
«La privation de capacités du ministère de l'Intérieur ne s'accompagne d'aucune mesure visant à acquérir de nouveaux véhicules blindés» dans le dernier projet de loi de finances, note-t-il. Roumen Radev souligne notamment que la police des frontières «ne dispose pas du nombre suffisant d'équipements tout-terrain dont elle a besoin».
«Les équipements blindés de transport tout-terrain fournis à l'Ukraine dans le cadre de cet accord pourraient être utilisés pour la protection de la frontière bulgare», précise le président. «Une question d'importance essentielle, tant pour la sécurité intérieure que pour la mise en œuvre de la priorité de politique étrangère du pays pour l'adhésion complète de la Bulgarie à l’espace Schengen», poursuit-il.
«Il ressort des discussions lors de l'adoption du projet de loi à l'Assemblée nationale qu'une grande partie d'entre eux ne connaissaient pas la liste précise du matériel fourni au moment du vote», estime par ailleurs Roumen Radev.
Soutien militaire à Kiev : les Bulgares divisés
Le Parlement bulgare avait ratifié, le 23 novembre, un accord passé entre le ministère de l'Intérieur de la République de Bulgarie et le ministère de la Défense de l'Ukraine pour la fourniture gratuite à Kiev de 100 BTR-60 équipés, ainsi que de pièces de rechange nécessaires à leur entretien et réparations. Des véhicules actuellement stockés dans les entrepôts du ministère bulgare de l'Intérieur.
Au pouvoir depuis janvier 2017, Roumen Radev a vu se succéder une multitude de Premiers ministres. Dans ce pays traversé par une crise politique inédite, cinq scrutins législatifs ont eu lieu entre avril 2021 et 2023.
Depuis le mois de juin, le gouvernement de coalition est formé autour du parti conservateur de Boïko Borissov et du mouvement centriste de Kiril Petkov, deux partis pro-européens.
Contrairement à une majorité de ses homologues européens, Roumen Radev avait plaidé pour la «paix» entre la Russie et l’Ukraine et s’était opposé à l’envoi d’armes à Kiev. Or, bien que Sofia affiche une position neutre en la matière, Kiril Petkov aurait – lorsqu’il était Premier ministre – officieusement fourni à l’Ukraine une aide militaire décisive dans les premiers mois du conflit.