Une fumée épaisse enveloppait la ville de Gaza et de nombreux coups de feu d'armes automatiques ainsi que des bruits d'explosions pouvaient être entendus le 12 novembre, au 37e jour de la guerre déclenchée le 7 octobre par le Hamas.
Des «combats violents» autour de l'hôpital al-Chifa, le plus grand du territoire, ont eu lieu toute la nuit, ont indiqué dimanche à l'AFP par téléphone des témoins réfugiés dans l'établissement situé dans l'ouest de Gaza-ville.
«Attaques répétées»
Le chef de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, s'est alarmé tôt le 12 novembre d'avoir «perdu le contact» avec ses interlocuteurs au sein de l'hôpital, selon lui objet d'«attaques répétées».
«L'OMS est gravement préoccupée par la sécurité du personnel de santé, des centaines de patients malades et blessés, y compris des bébés sous assistance respiratoire, et des personnes déplacées qui restent à l'intérieur de l'hôpital», a-t-il dit sur X.
Dans un communiqué diffusé le 11 novembre dans la nuit, le directeur de l'hôpital al-Chifa, Mohammed Abou Salmiya a indiqué que celui-ci était « totalement encerclé » par les forces israéliennes et que des bombardements «se poursuivent dans ses environs».
«L'équipe médicale ne peut travailler et les corps, par dizaines, ne peuvent être transportés ou enterrés», a-t-il ajouté.
L'armée israélienne a démenti le 11 novembre avoir ciblé l'hôpital al-Chifa et a accusé «des organisations terroristes de la bande de Gaza» de l'avoir touché avec une «roquette mal tirée».
La branche armée du Jihad islamique, allié du Hamas, avait indiqué le même jour que ses «combattants étaient engagés dans des affrontements violents, notamment dans les alentours du complexe d'al-Chifa».
Deux bébés décédés à cause des pénuries
Le 11 novembre, MSF a annoncé que deux bébés prématurés étaient morts dans cet hôpital après l'arrêt des soins faute d'électricité. Les bébés «sont morts parce que leur incubateur ne fonctionnait plus», a témoigné le Dr Mohammed Obeid, chirurgien de MSF au service néonatal, dans un message de l'ONG sur X. Selon ce médecin, une quarantaine de nouveau-nés sont hospitalisés, dont 17 en soins intensifs.
L'armée israélienne a indiqué qu'elle allait aider le 12 novembre à l'évacuation de ces bébés prématurés en danger «vers un hôpital plus sûr». Mais les secours palestiniens ont rapporté que d'autres établissements de Gaza-ville, qui manquent également de matériel, avaient aussi été touchés par les combats à proximité. D'après le bureau des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha), 20 des 36 hôpitaux de la bande de Gaza sont «hors service».
La Jordanie a annoncé le 12 novembre avoir largué de l'aide médicale sur l'hôpital jordanien de Gaza, en coordination avec l'armée israélienne.
«Si nous n'agissons pas maintenant, si nous n'arrêtons pas immédiatement ce bain de sang avec un cessez-le-feu ou au minimum une évacuation médicale des patients, ces hôpitaux deviendront bel et bien une morgue», a jugé MSF tôt le 12 novembre.
Pénuries au Sud
Les combats se concentrent au cœur de la ville de Gaza, où se trouve selon Israël le «centre» de l'infrastructure du Hamas.
Israël accuse régulièrement le Hamas d'utiliser des civils comme «boucliers humains», notamment dans des écoles et des établissements de santé et a prévenu qu'elle «tuerait» les combattants du Hamas «qui tirent à partir des hôpitaux» à Gaza.
Dans ce petit territoire de quelque 360 km2, les bombardements israéliens ont fait 11 078 morts, majoritairement des civils, parmi lesquels 4 506 enfants, selon le ministère de la Santé du Hamas, dont le dernier bilan remonte à vendredi.
Près de 200.000 Palestiniens ont fui en trois jours le nord du territoire via des «corridors» ouverts quotidiennement pendant des «pauses», pour se réfugier au sud, selon un communiqué de l'armée israélienne samedi 11 novembre au soir.
Mais dans le Sud, moins ciblé par les frappes israéliennes, les nouveaux arrivants manquent également de tout : des couvertures pour dormir, du pain pour se nourrir.
Tout au sud de Gaza, le poste-frontière de Rafah contrôlé par l'Egypte doit rouvrir dimanche 12 novembre pour laisser passer des blessés, des étrangers et des binationaux, selon les autorités locales.