Après sa rencontre avec le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken, le 3 novembre à Tel-Aviv, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a rejeté l'idée d' «une trêve temporaire» sans libération des otages aux mains du Hamas, au nombre d'au moins 240.
Si les Etats-Unis sont contre un cessez-le-feu, ils ont appelé à plusieurs reprises à des pauses des combats face à la situation humanitaire catastrophique dans la bande de Gaza, soumise aux bombardements israéliens depuis l'attaque du Hamas le 7 octobre et un siège total décrété deux jours plus tard. Pour un haut responsable de la Maison Blanche, la libération des otages «nécessiterait une pause très conséquente du conflit». Il a évoqué le 3 novembre au soir des «discussions très sérieuses» en cours.
Cette déclaration intervient alors que l'armée israélienne a admis avoir frappé une ambulance devant le principal hôpital de Gaza, al-Chifa, car le véhicule transportait, selon elle, des membres du Hamas. Cette affirmation a été démentie par ce dernier.
«Les images des corps sont déchirantes»
Selon le ministère de la Santé du Hamas et le Croissant-Rouge palestinien, la frappe a fait 15 morts et 60 blessés, dont des civils devant l'entrée de l'hôpital. Ils ont affirmé que l'ambulance faisait partie d'un convoi qui transportait plusieurs blessés vers l'Egypte.
Le chef de l'ONU s'est dit «horrifié» par la frappe, ajoutant que le conflit entre Israël et le Hamas devait «s'arrêter». «Les images des corps éparpillés dans la rue devant l'hôpital sont déchirantes», a ajouté Antonio Guterres dans un communiqué.
Le patron de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) Tedros Adhanom Ghebreyesus s'est aussi dit «profondément choqué», rappelant que «les patients, les soignants, les établissements et les ambulances doivent être protégés en tout temps».
Une autre frappe «visant» une école transformée en camp de fortune pour les personnes déplacées dans le nord de la bande de Gaza, a tué 20 personnes et blessé des dizaines d'autres, selon le ministère de la Santé du Hamas.
Les troupes israéliennes ont «intensifié l'opération terrestre dans la ville de Gaza, suite à l'achèvement de l'encerclement de la zone», a affirmé le 3 novembre au soir un porte-parole, Daniel Hagari.
«Aucun avertissement»
Les bombardements ont rasé des quartiers entiers de la ville. «Il n'y a eu aucun avertissement, la maison a été visée par une frappe directe. Elle est entièrement détruite», a raconté à l'AFP Hamad Hamada, un habitant de 28 ans. «Trois enfants d'une même famille ont été sortis, les dégâts sont énormes et tous les autres habitants sont encore sous les décombres».
Depuis bientôt un mois, les 2,4 millions d'habitants de la bande de Gaza assiégée vivent sous les bombardements d'Israël, qui a en outre suspendu les approvisionnements en eau, nourriture et électricité. Le territoire était déjà soumis à un blocus israélien terrestre, aérien et maritime depuis 2007.
Depuis le 21 octobre, et la réouverture très partielle du passage de Rafah avec l'Egypte, quelque 420 camions d'aide humanitaire sont arrivés, selon l'ONU le 3 novembre.
Selon le dernier bilan publié vendredi 3 novembre par le Hamas, au pouvoir dans ce territoire de 362 km2 depuis 2007, 9 227 personnes, dont 3 826 enfants, ont été tuées dans les frappes israéliennes qui frappent principalement le nord de la bande de Gaza, où Israël a promis d’anéantir le Hamas et son commandement. Mais elles ont aussi été dirigées sur le sud du territoire.
En France, le président Emmanuel Macron a annoncé une «conférence humanitaire » le 9 novembre à Paris, appelant lui aussi à une trêve humanitaire, «parce que la lutte contre le terrorisme ne justifie pas de sacrifier des civils».
Ajoutant aux inquiétudes sur le sort des civils, Israël a commencé 3 novembre à renvoyer dans la bande de Gaza, malgré les bombardements, des milliers de travailleurs palestiniens qui étaient bloqués sur son sol depuis près d'un mois.
Le flot de ces travailleurs exténués -3 026 selon le décompte de l'ONU, qui fait état de mauvais traitements pendant leur détention- ont commencé à traverser le poste-frontière de Karem Abou Salem (appelé Kerem Shalom du côté israélien), entre Israël et la bande de Gaza.
«Ca fait 25 jours qu'on est en prison et aujourd'hui on nous a amenés ici, on ne sait pas du tout ce qui se passe à Gaza», confie à l'AFP Nidal Abed.
Vendredi 3 novembre, 17 blessés et 448 étrangers, dont 96 enfants, ont pu quitter Gaza vers l'Egypte via le poste-frontière de Rafah, seule fenêtre sur le monde pour le territoire, selon le ministère égyptien de la Santé. La veille, soixante Palestiniens blessés et quelque 400 étrangers avaient quitté Gaza via ce point de passage.
En Israël, au moins 1 400 personnes ont été tuées selon les autorités depuis le début de la guerre, en majorité des civils massacrés le jour de l'attaque du Hamas, d'une violence et d'une ampleur inédites depuis la création d'Israël en 1948. L'armée israélienne a fait état de 341 soldats tués depuis le 7 octobre.
Tirs à la frontière libanaise
Dans le nord, près de la frontière libanaise, l'armée israélienne a «frappé des positions de tir antichar du Hezbollah et un poste militaire du Hezbollah», allié du Hamas et soutenu par l'Iran, en réponse au tir d'un missile antichar le 3 novembre depuis le territoire libanais, a déclaré Daniel Hagari.
Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a accusé les Etats-Unis d'être «entièrement responsables» de cette guerre, dans son premier discours depuis le début du conflit. Il a aussi prévenu Israël contre la «bêtise» d'une attaque contre le Liban, ajoutant que l'arrêt de «l'agression contre Gaza» empêcherait un conflit régional.
Ces accrochages ont fait 72 morts dans le sud du Liban depuis le 7 octobre, selon un décompte de l'AFP, dont 54 combattants du Hezbollah. Six soldats et un civil ont été tués du côté israélien, selon les autorités.
La guerre a aussi exacerbé les tensions en Cisjordanie occupée, où plus de 140 Palestiniens ont été tués depuis le 7 octobre par des tirs de soldats ou de colons israéliens, selon l'Autorité palestinienne.