International

Elections régionales en Allemagne : lourd désaveu pour Scholz et poussée de l'AfD

Les trois partis de la coalition de centre-gauche du chancelier allemand Olaf Scholz ont accusé une sévère défaite le 8 octobre lors d'élections dans deux grandes régions, bastions des conservateurs, qui montrent aussi une poussée de la droite radicale, selon les premières estimations.

Les sociaux-démocrates (SPD) d’Olaf Scholz, les Verts et les libéraux du FDP sont en recul dans les deux scrutins qui ont eu lieu le 8 octobre en Bavière (sud), le plus grand des États allemands en superficie, et en Hesse (ouest) où se trouve Francfort, la capitale financière où siège la Banque centrale européenne (BCE).

En Bavière, le FDP n'aurait pas atteint les 5% nécessaires pour demeurer au Parlement.

A mi-mandat, le gouvernement d'Olaf Scholz est ainsi sanctionné dans des élections marquées par l'inquiétude de la population face à la crise industrielle que traverse la première économie européenne et la résurgence de la question migratoire.

Deuxième place pour l’AfD

Selon les estimations, les conservateurs ont remporté comme attendu les deux élections. Le parti eurosceptique aux penchants xénophobes Alternative pour l'Allemagne (AfD) pourrait prendre la deuxième place.

«Nous sommes sur la bonne voie», a rapidement réagi la dirigeante de l'AfD Alice Weidel, interprétant les résultats comme «une punition» pour le gouvernement et «un vote pour le changement». Ce parti anti-immigration, qui critique aussi les mesures de protection au climat assimilées à la vie chère et aux contraintes, a ainsi confirmé son envolée dans les sondages au niveau national où il recueille entre 20 et 22% des intentions de vote, derrière la CDU, le principal parti de droite allemand.

L'AfD a profité du fait que la campagne s'était largement focalisée sur les critiques à l'encontre de la coalition au pouvoir depuis décembre 2021, minée par des querelles incessantes.

Autre enjeu de campagne : les craintes d'une nouvelle crise migratoire comme celle de 2015, en raison d'une hausse des arrivées de demandeurs d'asile, en provenance notamment de Syrie et d'Afghanistan, via la Pologne, l'Autriche et la République tchèque voisines.

Le SPD échoue à imposer ses thèmes

En Hesse, les sociaux-démocrates du SPD menés par la ministre de l'Intérieur Nancy Faeser ont fait les frais du succès de l'AfD : le parti arriverait en quatrième position seulement (15,2%), après l'AfD (16,8%) et les Verts (15,5%), et loin derrière l'Union chrétienne-démocrate (CDU) menée par un inconnu, Boris Rhein, qui décroche 34,7%, en nette hausse comparé aux 27% remportés lors de l'élection précédente en 2018, selon les premières estimations.

«Nous n'avons hélas pas réussi à nous imposer sur nos thèmes. C'est un résultat très décevant», a réagi la ministre, un poids lourd du gouvernement qui entend conserver son portefeuille de l'Intérieur.

En Bavière, le tonitruant chef du gouvernement Markus Söder a certes remporté le scrutin, mais avec un résultat en légère baisse (36,7%) et le plus mauvais depuis 70 ans pour son parti l'Union chrétienne-sociale (CSU), avatar régional de la CDU. Ce score pourrait fragiliser ses velléités présumées de devenir chancelier.

L'AfD (15,8%) et les Verts (15,6%) sont au coude-à-coude pour la deuxième place en Bavière, tandis que le SPD, historiquement faible dans ce Land, perd encore des suffrages (8,5%).

Söder devrait reconduire sa coalition avec les Electeurs Libres (Freie Wähler), un parti très conservateur implanté dans les campagnes qui récolte 14% des voix. La popularité de cette formation n'a pas souffert, tout au contraire, de la polémique cet été autour d'un tract à caractère antisémite attribué à son chef, Hubert Aiwanger, 52 ans, et remontant au temps de son adolescence. Son frère en avait finalement affirmé être l'auteur.