«Nous allons lancer l'opération de désengagement dans la semaine, en bon ordre, en sécurité et en coordination avec les Nigériens», a indiqué l'état-major des armées françaises ce 5 octobre à l’AFP.
Dans la foulée, le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP, militaires au pouvoir) a confirmé cette annonce dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux. «Le CNSP et le gouvernement nigérien seront attentifs à ce que ce retrait se fasse dans le respect de nos intérêts et selon nos conditions», précise le texte.
«Les 400 soldats français basés à Ouallam (ouest) seront les premiers à plier bagage. La base aérienne de Niamey où sont stationnés la majorité des militaires français sera ensuite démantelée d'ici la fin de l'année», poursuit ce communiqué.
Emmanuel Macron avait annoncé le 24 septembre la fin de la coopération militaire avec le Niger et le départ progressif des 1 400 militaires français présents dans le pays sahélien, «d'ici la fin de l'année», se conformant ainsi à la volonté des nouvelles autorités ayant renversé le président Mohamed Bazoum, qui ont dénoncé les accords de défense liant Niamey à Paris.
«Nous ferons ce qui est planifié, cela se déroulera conformément à la planification», assure l'état-major français. Quelque 1 000 soldats et aviateurs sont déployés sur la base aérienne française de Niamey et 400 à Ouallam et Ayorou (nord-ouest), aux côtés des Nigériens, dans la zone dite des «trois frontières» entre le Niger, le Burkina Faso et le Mali, sanctuaire du groupe Etat islamique.
Les militaires déployés sur les bases avancées devraient être les premiers à se désengager. Un schéma similaire à celui du Mali, où le retrait français avait commencé par les trois emprises les plus au nord du pays.
«Nous prenons les dispositions pour assurer la sécurité des gens engagés dans la manœuvre», a précisé l'état-major, en particulier sur la route qui relie les bases avancées à la capitale, ce qui pourrait nécessiter un appui aérien, sur fond de dégradation sécuritaire dans le pays après plusieurs attaques ayant fait des dizaines de morts.
Une opération logistique complexe
L'opération s'annonce complexe : le Niger servait depuis 2013 de plateforme de transit pour les opérations antiterroristes menées au Mali, avant de devenir le cœur du dispositif français dans la région après le retrait forcé des troupes françaises du Mali et du Burkina Faso, depuis l'été 2022.
Pour les militaires, ce retrait met fin à une situation incertaine depuis deux mois, avec des ravitaillements aléatoires et des manifestations antifrançaises régulièrement organisées devant leurs portes à Niamey. L'enceinte française, située au sein d'une emprise nigérienne, accueille des centaines de bureaux en préfabriqués, des hangars et abris modulaires pour les aéronefs, des tentes sur la base de vie, des cabines de pilotage pour les drones, des bulldozers du génie...
Après la conclusion d'un partenariat de combat à la demande du Niger, la France avait étoffé sa présence dans la capitale avec des blindés et des hélicoptères, venus renforcer les cinq drones Reaper, et au moins trois avions de chasse.
Les destinations des matériels ne sont pas encore arrêtées et plusieurs options sont évoquées : le territoire national en priorité, le Tchad voisin qui accueille l'état-major des forces françaises au Sahel ou encore d'autres théâtres.
Les militaires n'ont pas d'autre choix que d'utiliser la voie terrestre, soit par le Bénin – une option que refuse le régime militaire nigérien –, soit vers le Tchad, ce qui impliquerait ensuite d'acheminer les containers rentrant en France vers le port de Douala, au Cameroun, selon une source proche du dossier.
L'option d'un pont aérien semble compromise pour l'heure car jusqu'à nouvel ordre, les Nigériens interdisent le survol de leur territoire par des avions français.
Au Mali, le désengagement avait mobilisé 400 logisticiens envoyés en renfort. Pour le démantèlement de Gao, la plus grande emprise française du pays, 6 000 containers avaient été nécessaires.
Paris, qui ne reconnaît pas les nouvelles autorités, a limité la délivrance de visa pour les Nigériens et mis fin à sa coopération dans le pays, un des plus pauvres au monde. Le Niger a bénéficié en 2022 de 120 millions d'euros d'aide publique au développement de la part de la France et fait actuellement l'objet de sanctions de la part de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) depuis fin juillet.