«Nous rejetons fermement les accusations visant la Russie concernant une ingérence dans le processus électoral slovaque», pouvait-on lire dans un communiqué de l'ambassade russe à Bratislava publié ce 2 octobre sur Telegram.
C'est à la suite de déclarations du chef du renseignement extérieur russe Sergueï Narychkine le 29 septembre, qui avait évoqué «l'ingérence» de Washington dans la politique intérieure slovaque, que le ministère slovaque des Affaires étrangères a convoqué ce 2 octobre l'ambassadeur russe à Bratislava, «[considérant] cette diffusion intentionnelle de désinformation comme une ingérence inadmissible de la Russie dans le processus électoral slovaque».
«A la différence de certains alliés actuels de la Slovaquie, nous ne nous ingérons pas dans les affaires intérieures d'autres Etats, ne fomentons pas des renversements de régime en recourant à diverses "révolutions de couleur"», a renchéri l'ambassade. La diplomatie russe s'étonne que «Bratislava ne considère pas comme ingérence l'octroi par la mission diplomatique américaine de 5 millions de dollars au ministère de la Défense pour lutter contre la soi-disant désinformation qui, de fait, s'est muée en lutte contre la liberté d'opinion lors de la dernière campagne électorale [...] du reste, l'ambassade américaine elle-même s'en est vantée».
Avec la victoire de Fico, c'est plutôt la relation avec Kiev qui est fragilisée
La joute diplomatique entre Bratislava et Moscou n'a semble-t-il pas assombri la victoire de Robert Fico aux élections législatives, pourtant hostile au soutien à Kiev. Ce 2 octobre, la présidente slovaque Zuzana Caputova l'a désigné comme chef du gouvernement, son parti Smer-SD ayant obtenu 23% des voix lors du scrutin du 30 septembre. Pendant sa campagne, Robert Fico s'est engagé à ce que la Slovaquie n'envoie plus «une seule balle de munition» à l'Ukraine et a appelé à de meilleures relations avec la Russie. Toujours selon l'AFP, il a en outre déclaré que la guerre en Ukraine avait commencé «en 2014, lorsque des fascistes ukrainiens ont tué des victimes civiles de nationalité russe».
Selon l'AFP, Robert Fico a estimé le 1er octobre que son pays de 5,4 millions d'habitants avait des «problèmes plus importants» que l'aide à l'Ukraine. Jusqu'à présent, la Slovaquie, membre de l'UE et de l'OTAN, a été un important donateur à l'Ukraine, en proportion de son PIB. «Nous pensons que l'Ukraine est une immense tragédie pour tous. Si le Smer est chargé de former un cabinet [...], nous ferons de notre mieux pour organiser des pourparlers de paix dès que possible», a déclaré Robert Fico à la presse, ainsi que le rapporte l'AFP.
Selon le Kremlin, il est «absurde» de qualifier le parti de Robert Fico de «prorusse», regrettant que «tout homme politique [...] enclin à penser à la souveraineté de son pays [soit] considéré comme prorusse», a déclaré aux journalistes le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.