Un porte-parole de la présidence azerbaïdjanaise a indiqué à l'AFP ce 1er octobre que la mission de l'ONU était arrivée «dimanche matin» avec pour tâche principale d'évaluer les besoins humanitaires sur place. Plus tôt, l'ONU avait annoncé avoir reçu le feu vert pour l'envoi ce week-end d'une mission dans le territoire.
Les forces du Haut-Karabagh, qui ont tenu la région disputée pendant trois décennies, ont capitulé et accepté de déposer les armes la semaine dernière, après une offensive éclair de l'Azerbaïdjan. Au total, près de 600 morts sont à déplorer dans le sillage de cette offensive. Les combats eux-mêmes ont tué environ 200 soldats dans chaque camp.
Depuis, l'enclave a été presque entièrement désertée par ses habitants, avec plus de 100 000 réfugiés – sur les 120.000 habitants y vivant officiellement – ayant fui en Arménie par crainte de représailles de l'Azerbaïdjan.
«Il reste quelques centaines de fonctionnaires, d'urgentistes et de personnes ayant des besoins spéciaux, qui se préparent également à partir», a écrit sur X (ex-Twitter) l'ancien médiateur des droits du Haut-Karabagh, Artak Beglarian.
Dans leur fuite sur l'unique route montagneuse reliant le territoire à l'Arménie, au moins 170 personnes ont par ailleurs péri dans l'explosion le 25 septembre d'un dépôt de carburant, qui a aussi fait 349 blessés, la plupart souffrant de graves brûlures.
Plus de 45 516 personnes se trouvent actuellement dans des hébergements fournis par l'Etat, selon le gouvernement arménien.
Accusations de «nettoyage ethnique», Bakou dément
Le flux chaotique a ravivé les accusations d'un «nettoyage ethnique» et Erevan a lancé un nouvel appel à la Cour internationale de justice (CIJ), réclamant des mesures urgentes pour protéger les habitants de l'enclave. Les peurs des réfugiés sont nourries, selon Erevan, par une série d'«arrestations illégales», bien que les autorités azerbaïdjanaises se soient engagées à permettre de partir aux rebelles qui rendraient leurs armes. Plusieurs responsables de l'enclave ont été placés en détention, accusés de «terrorisme» et d'autres crimes.
L'Azerbaïdjan réfute toute accusation de «nettoyage ethnique» et assure aux habitants de l'enclave qu'ils sont libres de partir ou de rester, a indiqué à l'AFP Hikmet Hajiyev, un conseiller du président azerbaïdjanais.
Négociations à venir
Des forces de sécurité azerbaïdjanaises sont déployées au Karabagh pour protéger certains sites, notamment religieux, selon Bakou, et des négociations entre officiels azerbaïdjanais et responsables de l'enclave sont prévues le 2 octobre à Stepanakert.
Des négociations entre le président azerbaïdjanais Ilham Aliev et le Premier ministre arménien Nikol Pachinian sont également prévues le 5 octobre à Grenade en Espagne.
Alors que l'accueil des réfugiés s'organise difficilement, les opposants à Nikol Pachinian, accusé de passivité, ont donné à nouveau de la voix le 30 septembre dans les rues d'Erevan. L'Arménie rejette la faute sur la Russie, l'accusant de ne pas avoir empêché l'offensive de Bakou.
Moscou, de son côté, a indiqué que le cessez-le-feu avait été obtenu par les forces de maintien de la paix russes dès le 20 septembre, 24 heures après le début de l'offensive éclair des troupes azerbaïdjanaises. Le Kremlin rapporte de surcroît avoir demandé à Bakou de respecter les droits et la sécurité de la population arménienne du Karabagh. La diplomatie russe a par ailleurs reproché le 25 septembre à Nikol Pachinian de «tenter de se dégager de la responsabilité des échecs de la politique intérieure et étrangère, en rejetant la faute sur Moscou», dans une déclaration fustigeant des «attaques inacceptables contre la Russie».