Au moins 2 012 personnes ont trouvé la mort et 2 059 ont été blessées dans un puissant séisme qui a dévasté le Maroc dans la nuit du 8 au 9 septembre, provoquant d'énormes dégâts et semant la panique à Marrakech, haut lieu du tourisme, et dans plusieurs autres villes marocaines, selon un bilan officiel provisoire.
Le Centre national pour la recherche scientifique et technique (CNRST) basé à Rabat a indiqué que le séisme était d'une magnitude de 7 degrés sur l'échelle de Richter et que son épicentre se situait dans la province d'Al-Haouz, au sud-ouest de la ville de Marrakech, destination très prisée de touristes étrangers.
Les provinces et communes d'Al-Haouz, Marrakech, Ouarzazate, Azilal, Chichaoua et Taroudant sont touchées, a indiqué le ministère dans un communiqué.
Le président russe, comme de nombreux chefs d’Etat, a adressé ses condoléances au peuple «ami» marocain.
D'après les médias marocains, il s'agit du plus puissant séisme à frapper le royaume à ce jour. Selon des images reproduites par les médias et sur les réseaux sociaux et des témoins, le séisme a provoqué d'importants dégâts dans plusieurs villes. Des images ont montré qu'une partie d'un minaret s'est effondrée sur la célèbre place Jemaa el-Fna, cœur battant de Marrakech, faisant deux blessés.
Une correspondante de l'AFP a vu des centaines de personnes affluer sur cette place emblématique de la ville ocre pour y passer la nuit, de crainte de répliques. Certains étaient munis de couvertures, d'autres dormaient à même le sol.
«On se promenait à Jemaa el-Fna quand la terre a commencé à trembler, c'était vraiment sidérant comme sensation. Nous sommes sains et saufs mais je suis encore sous le choc. J'ai au moins dix membres de ma famille qui sont morts à Ijoukak [commune rurale d'Al-Haouz]. J'ai du mal à y croire car il n'y a pas plus de deux jours j'étais avec eux», raconte à l'AFP Houda Outassaf, une habitante de la ville rencontrée sur la place.
«Chanceuses d'être en vie»
Mimi Theobald, une touriste anglaise de 25 ans, s'apprêtait à prendre le dessert sur la terrasse d'un restaurant avec des amies au moment du séisme. «Les tables ont commencé à trembler, les plats à voler, on a paniqué», souligne-t-elle.
«Après, on a essayé d'aller à notre hôtel pour récupérer nos bagages et passeports car notre vol était programmé [le lendemain] mais c'était impossible car notre hôtel est situé dans la médina. Il y avait des débris de partout, ce n'était pas très safe. C'est la première fois qu’on assiste à un séisme. Quand l'adrénaline est retombée, on s’est rendu compte qu'on était très chanceuses d’être toujours en vie», ajoute-t-elle.
Outre Marrakech, la secousse a été ressentie à Rabat, Casablanca, Agadir et Essaouira, semant la panique parmi la population. De nombreuses personnes sont sorties dans les rues de ces villes, craignant l'effondrement de leurs habitations, selon des images diffusées sur les réseaux sociaux.
Sur des photos et vidéos publiées par des internautes, on peut voir d'importants débris d'habitations dans les ruelles de la médina de Marrakech, mais aussi des voitures écrasées par des pierres.
«J’étais dans mon lit quand tout s'est mis à trembler. J'ai cru que mon lit allait s'envoler. Je suis sorti dans la rue à moitié nu et je suis allé tout de suite voir mes riads. C’était le chaos total, une vraie catastrophe, la folie», raconte à l'AFP au téléphone le Français Michaël Bizet, 43 ans, propriétaire de trois maisons traditionnelles dans la vieille ville de Marrakech.
«Cris et pleurs»
Le centre régional de transfusion sanguine à Marrakech a appelé les habitants à se rendre le 9 septembre dans ses locaux pour donner leur sang pour les blessés.
«On avait l'impression que c'était une rivière qui débordait violemment. Les cris et les pleurs étaient insoutenables», affirme un autre habitant de la ville, Fayssal Badour, 58 ans.
Le 24 février 2004, un séisme de 6,3 degrés sur l'échelle de Richter avait secoué la province d'Al Hoceima, à 400 km au nord-est de Rabat, faisant 628 morts et provoquant d'importants dégâts matériels. Et le 29 février 1960, un tremblement de terre avait détruit Agadir, sur la côte ouest du pays, et fait plus de 12 000 morts, soit un tiers de la population de la ville.