La délégation de la Cédéao qui a atterri la 19 août à la mi-journée dans la capitale est conduite par l'ancien président nigérian Abdulsalami Abubakar, selon la cellule communication du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) qui a pris le pouvoir au Niger.
Abdulsalami Abubakar s'était déjà rendu à Niamey au nom de la Cédéao le 3 août, mais n'avait rencontré ni le nouvel homme fort du Niger, le général Abdourahamane Tiani, ni le président renversé.
Selon une source proche de la Cédéao, cette délégation souhaite transmettre «un message de fermeté» aux militaires à Niamey et rencontrer le président Bazoum toujours retenu prisonnier.
La Cédéao privilégie la diplomatie mais se dit prête à intervenir
Le 18 août, le commissaire aux affaires politiques, à la paix et à la sécurité de l'organisation régionale, Abdel-Fatau Musah, avait annoncé que cette mission avait pour objectif de «continuer à suivre la voie pacifique pour rétablir l'ordre constitutionnel». La voie diplomatique serait donc toujours privilégiée par la Cédéao qui a toutefois indiqué le 18 août au soir être prête à utiliser la force pour rétablir l'ordre constitutionnel au Niger.
«Nous sommes prêts à intervenir dès que l'ordre sera donné. Le jour de l'intervention a aussi été fixé», a ainsi déclaré Abdel-Fatau Musah, à l'issue d'une réunion de deux jours des chefs d'état-major ouest-africains à Accra.
Selon lui, ont été convenus lors de cette réunion «les objectifs stratégiques, l'équipement nécessaire et l'engagement des Etats membres» pour cette possible intervention. Cette option militaire est brandie par la Cédéao depuis plusieurs semaines
Les militaires inflexibles
A Niamey, les militaires restent pour le moment inflexibles et ont affirmé qu'une intervention armée serait une «agression illégale et insensée».
Le 19 août au matin, des milliers de volontaires se sont rassemblés aux abords du stade Seyni Kountché, dans le centre-ville de la capitale, répondant à un appel de plusieurs organisations pour se faire inscrire sur des listes en tant qu'auxiliaires civils potentiellement mobilisables en soutien des forces armées, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Plus de trois semaines après le coup d'Etat, les conditions de détention du président déchu Mohamed Bazoum inquiètent la communauté internationale et se «détériorent», selon le président du Nigeria Bola Tinubu. Dans une interview au New York Times, le nouveau Premier ministre nigérien a de son côté assuré le 18 août qu'il n'arriverait rien à Mohamed Bazoum.
La France sollicitée pour libérer Bazoum au début du putsch
Dans les heures qui ont suivi le coup d'Etat, la France avait été sollicitée pour apporter son appui à une éventuelle intervention de l'armée nigérienne pour libérer Bazoum, a appris l’AFP de source proche du dossier.
«Mais les loyalistes ont changé de camp et rejoint les putschistes. Les conditions n'étaient donc pas réunies pour satisfaire cette demande d'appui», a précisé cette source, qui n'a pas précisé la nature de l'aide que Paris aurait pu potentiellement apporter.
Environ 1 500 militaires français sont stationnés au Niger, en vertu d'accords de défense entre les deux pays, notamment pour la lutte contre les djihadistes qui endeuillent régulièrement le pays par leurs attaques sanglantes depuis plusieurs années.
Le 15 août, au moins 17 soldats ont été tués dans une attaque près du Burkina Faso, la plus meurtrière depuis le coup d'Etat. Toujours en début de semaine, au moins 28 civils sont morts dans des violences dans plusieurs villages près du Mali, selon une source officielle locale qui n'a pas précisé la nature de ces violences.