«Quatre personnes ont été arrêtées après l'attaque du monument dédié à l'Armée rouge», a annoncé la BNR, la radio nationale bulgare, ce 18 août.
Un groupe d'une trentaine de personnes a allumé des fumigènes et détérioré des lettres de l'édifice, une bannière portant l'inscription «démantèlement» ayant été brièvement déroulée. «Nous voulons un monument bulgare» a été tagué sur le piédestal du monument, tandis que des tentes des militants qui voulaient protester contre son déplacement ont été incendiées. Aucune victime n'est heureusement à déplorer.
Haut de 37 mètres, le mémorial de l'Armée rouge a été érigé en 1954 par les autorités soviétiques afin de célébrer la «libération» de la Bulgarie à la fin de la Seconde Guerre mondiale, alors gouvernée par une monarchie alliée au Troisième Reich. Cette dernière ne déclara toutefois pas la guerre à l'URSS, qui n'intervint dans le pays qu'en 1944.
Déboulonnage de l'histoire
Des dégradations avaient été constatées sur le monument en février 2023, à la veille de l'anniversaire du conflit en Ukraine. Maria Zakharova, porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, avait alors demandé à la Bulgarie de retrouver les coupables, exprimant sa «grande inquiétude au sujet des dégradations incessantes des monuments reflétant l'histoire commune de la Russie et de la Bulgarie».
En mars dernier, lors du vote du Conseil municipal, la maire de Sofia Yordanka Fandakova avait décrit le monument comme une œuvre de «propagande», comme le rapportait Euractiv, et demandé son déplacement dans un musée des arts de l'époque socialiste.
Des activistes, appuyés par le parti prorusse Vazrazhdane et le Parti socialiste, avaient réagi, exigeant la défense du monument. Le matin du 18 août, ils se sont rendus au camp de tentes dressé devant la statue.
La Bulgarie traverse une crise politique profonde, divisée entre l'Occident et le monde russe. A l'issue d'un scrutin législatif tenu début avril – le cinquième en deux ans –, un gouvernement de coalition pro-occidental a été élu. Plusieurs manifestations ont été organisées depuis le printemps pour réclamer la neutralité du pays. De surcroît, début juillet, le président Roumen Radev a fermement rappelé à son homologue ukrainien le refus de la Bulgarie de fournir des armes à Kiev et plaidé pour une résolution politique du conflit.