Arrêté le 5 août par les autorités mauritaniennes alors qu’il tentait de fuir le Sénégal en passant par la Mauritanie voisine, l’avocat franco-espagnol Juan Branco avait été remis à l’appareil judiciaire sénégalais. Faisant l’objet d’un mandat d’arrêt pour de nombreuses poursuites, il était de passage au Sénégal en tant que conseil d’un opposant au gouvernement en place, Ousmane Sonko.
Liberté provisoire et retour en France
Incarcéré dans la nuit du 5 au 6 août, il n’aura passé que deux petites nuits derrière les barreaux. Juan Branco, médiatique avocat des Gilets jaunes mais aussi conseiller de Julian Assange, a été présenté le 7 août au matin à un juge d’instruction sénégalais qui l’a inculpé avant de lui accorder une liberté provisoire en vertu des accords de coopération judiciaire entre Paris et Dakar. Placé sous contrôle judiciaire, il est tenu de ne pas se prononcer sur le dossier en cours.
La libération de l’avocat avait été demandée unanimement par les personnalités politiques françaises. En revanche, elle fait polémique au Sénégal où des membres de l’opposition s’indignent de la rapidité avec laquelle il a été relâché en comparaison avec le traitement réservé aux autochtones, notamment certains Sénégalais ayant participé au périple de Juan Branco dans le pays.
Affaire judiciaire et affaire d’Etat
Le séjour ouest-africain de Juan Branco était motivé par la défense d’un opposant politique au président en place, Macky Saal : Ousmane Sonko. Fondateur du parti d’opposition Pastef (Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l'éthique et la fraternité), dissous le 31 juillet, il était arrivé en troisième position de l’élection présidentielle de 2019. Mis en cause dans une affaire de viol en 2021, son arrestation provoqua des tensions entre ses partisans et la police. Acquitté en juin 2023, il sera néanmoins condamné à deux ans d’emprisonnement pour «corruption de la jeunesse». Il a commencé une grève de la faim le 30 juillet.
Le voyage de Juan Branco a agacé les autorités sénégalaises. Le ministre de l’Intérieur Antoine Abdoulaye Félix Diome estimait déjà avant son arrestation, dans des propos rapporté par le journal Le Parisien le 5 août, que l’avocat franco-espagnol «était venu ici pour dénigrer nos institutions». En France aussi, l’attitude de Juan Branco ne fait pas l’unanimité. Ainsi, le journaliste Vincent Hugueux, spécialiste de l’Afrique, estimait de son côté sur le plateau de LCI ce 8 août que celui-ci se servait de l’Afrique comme d’une estrade pour «réchauffer son ego».