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Trafic d’organes : l’Ukraine à l’heure du Kosovo, selon Maria Zakharova

La porte-parole de la diplomatie russe dénonce les trafics d'organes en Ukraine. Maria Zakharova affirme que ce commerce illégal battrait son plein sur le marché noir. Ce n'est pas la première fois que de tels soupçons visent le pays.

C’est une accusation dont l’Ukraine avait déjà été l’objet quelques années plus tôt : à en croire Maria Zakharova, porte-parole du ministère des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, l’Ukraine serait l’un des chefs de file du trafic d’organes dans le monde.

Dans un article paru le 7 août dans la Rossiyskaya Gazeta, la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères indique en effet que ce commerce illégal battrait ainsi allègrement son plein sur le marché noir. Sur le darknet, une boutique proposerait ainsi un cœur, un foie ou un rein à partir de 5 000 euros et des services rapides (de 48 à 60 heures) à destination des pays européens, livrant de tels organes pour des sommes allant de 12 000 à 25 000 euros.

Cette plateforme commerciale serait aux mains de membres de l’ancienne Armée de libération du Kosovo (UÇK), qui avait procédé à des trafics d’organes sur les soldats serbes, des civils et dissidents de la guerre de Yougoslavie.

Un marché international ?

En mai dernier, le major-général Vladimir Ovchinsky, ex-directeur du bureau russe d'Interpol, avait lancé les mêmes accusations à l’égard du pays. Selon lui, les forces armées ukrainiennes contribueraient à un sombre trafic d’organes sur des morts et des blessés de guerre. Vladimir Ovchinsky avait indiqué que de telles exactions auraient indifféremment affecté des prisonniers de guerre russes et des civils ukrainiens qui auraient eu l’infortune de se trouver «au mauvais endroit au mauvais moment».

C’est en usant de la couverture des organisations humanitaires que les trafiquants d’organes alimenteraient un marché noir dynamique. Selon le major-général, c’est en Turquie, en Inde, en Israël et en Corée du Sud que ce macabre marché trouverait le plus de débouchés, information qu’Israël s’est empressé de contester.

Plusieurs affaires avaient déjà soulevé des inquiétudes

En mars 2022, au début du conflit, les ONG et institutions européennes s'étaient par ailleurs inquiété que le flot de réfugiés vers les pays voisins seraient une aubaine pour les réseaux mafieux et d'atroces trafics d'être humains et d'organes.

L’Ukraine avait par ailleurs déjà été accusée de procéder à de telles exactions : en 2014, alors que le conflit faisait rage au Donbass, des trafiquants d’organes auraient été décelés. En 2015, au Parlement européen, deux députées tchèques du groupe de la gauche avaient déposé une question écrite visant à faire la lumière sur de potentielles exactions menées par les autorités ukrainiennes. 

Selon Katerina Konecna et Jiri Mastalka, celles-ci auraient envoyé des spécialistes «sur le front oriental et derrière les lignes pour prélever des organes humains pour les transplantations», comme cela avait été le cas quelques années plus tôt au Kosovo. La Commission avait répondu qu’elle n’était avertie d’aucune information sur ces cas de trafic d’organes humains.

Pourtant, quelques années plus tôt, une accusation similaire avait déjà donné lieu à des sondages auprès du Parlement européen : au milieu des années 2000, la BBC faisait ainsi fait état d’un trafic de cellules-souches, sur lequel le Parlement européen aurait été chargé de mener l’enquête en 2007 et 2011.

Comme pour le trafic d’organes au Kosovo, les accusations portant sur des faits analogues en Ukraine sont pour l’heure négligées. Dans le cas de la Serbie, des responsables albanais ont fini par être inquiétés par les instances judiciaires internationales parfois trois décennies plus tard.