Damas a décidé «d'autoriser l'ONU et ses agences» à utiliser le passage frontière de Bab al-Hawa «en pleine coopération» avec le gouvernement «pour une période de six mois», a déclaré le 15 juillet l'ambassadeur syrien à l'ONU Bassam Sabbagh.
Un mécanisme mis en place en 2014 permettait à l'ONU d'acheminer depuis la Turquie voisine nourriture, eau et médicaments aux habitants du nord-ouest de la Syrie, dernière région opposée à Bachar al-Assad et tenue par les groupes djihadistes. Environ la moitié de la province d'Idleb et des portions des provinces voisines sont contrôlées par Hayat Tahrir al-Cham (HTS, ancienne branche locale d'Al-Qaïda), considéré comme une organisation terroriste par Damas et les grandes puissances.
La majeure partie de l'aide passait par le poste-frontière de Bal al-Hawa et ce mécanisme permettait à l'ONU de se dispenser de l'autorisation de Damas, qui dénonce régulièrement une violation de sa souveraineté et la possibilité de venir en aide aux islamistes. Mais le non-renouvellement le 11 juillet de ce mécanisme au Conseil de sécurité, après un veto de la Russie, alliée de la Syrie, a changé la donne.
L'ONU a désormais besoin du feu vert de Damas pour continuer à acheminer l'aide, même si le gouvernement ne contrôle pas Bab al-Hawa, aux mains du groupe djihadiste HTS.
Damas impose deux conditions
L'autorisation est cependant assortie de deux conditions. «Les Nations unies et ses représentants et personnels ne doivent pas communiquer avec les organisations et groupes terroristes du nord-ouest de la Syrie», a insisté Bassam Sabbagh, en référence à HTS. Damas demande également une supervision des opérations par le Comité international de la Croix-Rouge et le Croissant-Rouge arabe syrien.
Selon l'ONU, quatre millions de personnes, qui vivent dans ces territoires, ont besoin d'aide humanitaire pour survivre, plus de 12 ans après le début de la guerre en Syrie. Le mécanisme qui a expiré le 10 juillet permettait d'aider 2,7 millions de personnes chaque mois.
L'ONU a jugé «inacceptables» les conditions syriennes
Commentant la première condition, le Bureau de coordination des affaires humanitaires (Ocha) a argué que l'ONU devait être en mesure de «continuer à échanger avec les acteurs étatiques et non étatiques pertinents [...] pour conduire des opérations humanitaires sûres». Quant à la seconde condition, elle n'est «ni en accord avec l'indépendance des Nations unies ni pratique, étant donné que le CIRC et le CARC ne sont pas présents dans le nord-ouest», ajoute-t-il.
Le président Assad se dit déterminé à reprendre les zones rebelles. Selon l'analyste Nick Heras, le gouvernement «affiche une confiance accrue dans sa capacité à contenir, puis à réduire» ces territoires.