«Ce serait le plus grand danger pour les Ukrainiens pendant de nombreuses années, voire jusqu'à 100 ans si des bombes à fragmentation étaient utilisées dans les zones occupées par la Russie sur le territoire ukrainien», a tweeté le 9 juillet le Premier ministre cambodgien Hun Sen.
Deux jours plus tôt, le président américain Joe Biden avait approuvé, au terme de plusieurs mois d'intenses débats internes à Washington, l'envoi d'une centaine de milliers d’armes à sous-munitions à l'Ukraine, en dépit de la législation américaine qui interdit quasi-inconditionnellement la production, l'usage ou le transfert de ce type d'armement.
L'homme fort du Cambodge a cité «l'expérience douloureuse» de son pays où les largages américains dans les années 1970 ont tué ou mutilé des dizaines de milliers de personnes. Les États-Unis ont largué des millions de bombes sur le Cambodge et le Laos pendant la guerre du Vietnam dans les années 1960 et 1970 pour tenter de frapper des bases communistes.
«Par pitié pour le peuple ukrainien, j'appelle le président américain, en tant que fournisseur, et le président ukrainien, en tant que destinataire, à ne pas utiliser de bombes à fragmentation dans la guerre car les vraies victimes seront les Ukrainiens», a-t-il déclaré.
Des cicatrices de la guerre qui continuent de tuer
Après 30 ans d'une guerre civile qui a pris fin en 1998, le Cambodge reste l'un des pays les plus minés au monde. Environ 20 000 Cambodgiens ont été tués au cours des quatre dernières décennies après avoir marché sur des mines ou munitions non explosées. Les travaux de déminage se poursuivent à ce jour, le gouvernement s'engageant à éliminer toutes les mines et munitions non explosées d'ici 2025.
En janvier, un groupe de démineurs ukrainiens a visité des champs de mines au Cambodge dans le cadre d'une formation.
Les armes à sous-munitions sont interdites dans de nombreux pays, notamment européens, signataires de la Convention d'Oslo de 2008, dont ni les Etats-Unis, l'Ukraine ou la Russie ne sont parties prenantes. Leur usage est très controversé car les charges qu'elles dispersent sont accusées de faire beaucoup de victimes civiles collatérales. Le président américain Joe Biden a assuré que la décision de livrer des bombes à sous-munitions à l'Ukraine avait été «très difficile», mais représentait «la bonne chose à faire».
Suite à cette annonce, le ministère russe de la Défense a estimé le 8 juillet que la livraison de bombes à sous-munitions à l'Ukraine était un «aveu de faiblesse» qui rendrait Washington «complice» des morts civiles provoquées par cette arme controversée.