Le cardinal italien Matteo Zuppi s'est rendu les 28 et 29 juin à Moscou pour tenter d’amorcer une médiation entre Kiev et le Kremlin, en tant qu’émissaire du pape François. C'est la première fois qu'un haut responsable du Saint-Siège se rend en Russie depuis le début du conflit.
«A l'heure de grandes tensions politiques et de la menace d'un conflit armé majeur, il est important que toutes les parties intéressées à la préservation de la paix et de la justice s'unissent pour empêcher que cette menace ne se réalise», a déclaré le patriarche Kirill lors de son entretien avec l'émissaire du pape.
Ce dernier a acquiescé, soulignant que «durant la Guerre froide, il y avait plus de contacts qu'aujourd'hui. A présent, la situation est peut-être plus chaude, il faut donc davantage encore de dialogue qu'avant». Puis d'ajouter que «dans les difficultés que traverse le monde actuel, notre devoir est de comprendre ce que Dieu nous demande de faire».
Cette visite intervient trois semaines après celle du cardinal en Ukraine, où il était accompagné du nonce apostolique de ce pays, Visvaldas Kulbokas.
«Les résultats de ces entretiens, ainsi que l'expérience directe des souffrances atroces du peuple ukrainien dues à la guerre en cours, seront portés à l'attention du Saint-Père et seront sans aucun doute utiles pour évaluer les étapes à poursuivre tant sur le plan humanitaire que dans la recherche des voies d'une paix juste et durable», rapportait alors le site Vatican News.
Les relations restent difficiles entre Moscou et la papauté
Depuis le début du conflit, le souverain pontife s'est clairement positionné en faveur de la partie ukrainienne, qualifiant dès le mois de mars 2022 dans une adresse depuis la place Saint-Pierre l'opération russe d'«inacceptable agression armée».
Le 24 août 2022, le pape avait regretté le meurtre, dans un attentat à la voiture piégée, de Daria Douguina, politologue de 29 ans et fille du philosophe nationaliste Alexandre Douguine. L'ambassadeur ukrainien près le Saint-Siège Andriï Yourach avait jugé le propos du pape «décevant», refusant d'assimiler «agresseurs et victimes». Le 30 août, le pape François avait réitéré ses condamnations, qualifiant le conflit de «guerre barbare déclenchée par la Russie».
Un autre désaccord avait terni les relations entre le Saint-Siège et Moscou, quand le souverain pontife avait déclaré que «les Tchétchènes et les Bouriates étaient les plus cruels» en Ukraine. Suite aux protestations conjointes de Maria Zakharova, qui avait qualifié ces propos de «perversion», et des chefs bouriate et tchétchène, le pape François s'était excusé.