Le 21 juin, des vidéos inédites de l'explosion du gazoduc Nord Stream 2 ont été publiées conjointement par Libération et par des médias danois (Ekstra Bladet et TV2) et allemand (RTL). Ces images ont été capturées à 70 mètres de profondeur grâce à un drone submersible de l'entreprise norvégienne Blueye.
On y voit une coupure nette. D'après l'ancien officier danois Niels Kamp interrogé par RTL, «cela ressemble clairement à une charge creuse (...) un explosif puissant et très concentré a été employé. C'était un petit dispositif explosif». Un ancien plongeur militaire français a confirmé cet avis, estimant que ce dernier devait probablement peser «quelques kilos».
Ces images diffèrent de celles du Nord Stream 1, recueillies en octobre 2022, montrant une cinquantaine de mètres de tuyaux arrachés et un large cratère sur le fond marin. Les deux gazoducs de Nord Stream 1 avaient alors été détruits, mais un seul de Nord Stream 2.
Pour rappel, le 26 septembre 2022 à 2h03 du matin, le réseau reliant les champs gaziers russes à l’Allemagne a été rompu. Quelques heures plus tard, d’autres fuites avaient été décelées, cette fois au nord-est de Bornholm, et rapidement qualifiées par les autorités des pays de la région d’«explosions», causées par des «sabotages». En tout, quatre fuites ont été décelées sur le réseau de gazoducs, dans les zones économiques maritimes de la Suède et du Danemark.
Des dizaines de milliers de tonnes de gaz circulaient alors dans les conduits, causant des émanations à la surface de la mer pendant plus de deux semaines.
Plusieurs hypothèses sur l'identité des commanditaires du sabotage
En février, le journaliste américain Seymour Hersh, se référant à des sources du renseignement, affirmait que la CIA était à l'origine de la destruction du gazoduc, avec l'appui de l'armée norvégienne, sur ordre direct de la Maison Blanche. Selon lui, les explosifs auraient été placés lors d'exercices de l'OTAN pendant l'été, puis déclenchés trois mois plus tard.
Selon une enquête de plusieurs médias européens publiée le 14 juin, les services secrets hollandais avaient prévenu la CIA trois mois avant les faits que les Ukrainiens projetaient de saboter le gazoduc.
Les gazoducs Nord Stream 1 et 2, devant transporter du gaz naturel de la Russie vers l'Allemagne, ont été frappés en mer Baltique par des explosions sous-marines le 26 septembre 2022, et ainsi rendus inopérants. Plusieurs pays, dont la Russie, l'Ukraine et les Etats-Unis, avaient été accusés d'en porter la responsabilité, mais tous s'en étaient défendus.