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Récupérant des prisonniers de guerre en Hongrie, Kiev accuse Budapest de faire le jeu de la Russie

Après avoir récupéré trois prisonniers ukrainiens en Hongrie, Kiev attaque ouvertement Budapest, l'accusant de faire le jeu «de la partie russe et de la propagande russe». Malgré les démentis de la partie hongroise, l'UE demande plus d'informations.

Nouvel épisode de tensions entre Kiev et Budapest. L'Ukraine a déclaré le 21 juin avoir récupéré trois prisonniers de guerre ukrainiens transférés récemment en Hongrie depuis la Russie. Kiev accuse Budapest d'avoir violé le droit humanitaire international durant cette procédure et de faire le jeu de Moscou.

«Je confirme que trois anciens prisonniers de guerre sont de retour en Ukraine» sur un total de 11 transférés en Hongrie le 8 juin, a déclaré à la télévision le chargé parlementaire ukrainien pour les droits de l'homme, Dmytro Loubinets. 

«Dès le début de cette histoire, la Hongrie a joué le jeu de la partie russe et de la propagande russe», a-t-il cependant accusé. «C'était planifié comme une opération spéciale contre l'Ukraine [menée] par les services spéciaux russes avec l'implication de la partie hongroise». 

Budapest dément

Le 19 juin déjà, la diplomatie ukrainienne avait accusé Budapest de lui bloquer l'accès à ce groupe de prisonniers de guerre remis à la Hongrie par l'intermédiaire de l'Eglise orthodoxe russe et surtout à l'insu de Kiev. Ce groupe de prisonniers est originaire de Transcarpatie, une région située dans l'ouest de l'Ukraine qui abrite une importante communauté hongroise.

Selon Budapest, certains de ces 11 hommes détiennent des passeports hongrois, et les autres ont reçu le statut de réfugié dans ce pays. En transférant ces prisonniers, la Hongrie aurait agi «de façon absolument secrète, sans [fournir] aucune information à l'Ukraine, ce qui constitue une violation du droit humanitaire international et de la Convention de Genève» qui concerne notamment la protection des prisonniers de guerre, a affirmé Dmytro Loubinets. 

«C'était une surprise pour nous qu'un pays membre de l'Union européenne (UE) et de l'OTAN puisse le faire ouvertement et sciemment», a-t-il poursuivi. La Hongrie s'est défendue d'entraver l'accès, affirmant que les 11 hommes n'étaient pas considérés comme prisonniers de guerre «étant donné qu'ils ont été remis en liberté sur le sol russe».

L'UE suit le récit ukrainien et demande plus d'informations

«Ils sont ici de leur plein gré, ils peuvent aussi quitter le pays librement à tout moment. Nous ne les surveillons pas», a rétorqué le 19 juin Gergely Gulyas, le directeur de cabinet du Premier ministre hongrois Viktor Orban.

Le porte-parole du chef de la diplomatie de l'UE, Peter Stano, a toutefois indiqué que la Commission européenne allait «demander aux autorités hongroises des informations plus détaillées» sur la situation entourant ces prisonniers. «C'est aux autorités de la Hongrie d'expliquer les détails, le rôle que [Budapest] a joué dans ce contexte dans la libération des citoyens ukrainiens de la Russie», a-t-il appuyé lors d'une conférence de presse à Bruxelles.

Viktor Orban a maintenu le contact avec Moscou malgré la guerre en Ukraine et a tissé ces dernières années des liens forts avec l'Eglise orthodoxe russe. Il entretient parallèlement des relations compliquées avec Kiev, refusant de l'aider militairement depuis le début du conflit en février 2022 et de s'aligner sur la politique occidentale de sanctions à l'encontre de Moscou.