Le 17 juin, des centaines de manifestants pacifistes ont défilé dans plusieurs villes allemandes, à Dresde (est), Brandebourg (nord-est) et Wiesbaden, contre l'Air Defender 23, un exercice militaire de l'OTAN d'une ampleur inédite.
Ces manifestations interviennent à la veille de la visite à Berlin du secrétaire général de l'OTAN Jens Stoltenberg pour rencontrer le chancelier allemand Olaf Scholz et les ministres allemands des Affaires étrangères et de la Défense, respectivement Annalena Baerbock et Boris Pistorius. Il assistera aussi aux côtés de ce dernier à l'exercice Air Defender.
Une mobilisation diffuse et récurrente
Ce 17 juin dans les rues de Dresde, ils étaient plusieurs centaines à manifester à l'occasion du 70e anniversaire du soulèvement de l’Allemagne de l'Est. Sous les slogans «Paix et liberté» ou «Aujourd'hui des tanks, demain des avions, après-demain nos fils», ils ont appelé à la démocratie, à l'arrêt des livraisons d'armes et à la justice sociale.
Le même jour à Wiesbaden, le rassemblement se situait devant l'aérodrome militaire, connu sous le nom d'aérodrome d'Erbenheim, qui est exploité par l'armée américaine depuis les années 1970. Les manifestants ont également exprimé leur opposition à l'exercice Air Defender 2023 et ont promu la diplomatie plutôt que l'escalade et la course aux armements.
Des protestataires sont aussi descendus dans les rues de Brandebourg-sur-la-Havel, à 70 km à l'ouest de Berlin, toujours pour manifester contre Air Defender 2023. Les manifestants ont appelé à recourir à la diplomatie.
Une démonstration de force de l'OTAN
Engageant entre les 12 et 23 juin 10 000 soldats et 220 avions de 25 pays, Air Defender 23 a officiellement pour but «de montrer que [les pays de l'OTAN] sont en mesure de [se] défendre», comme l'a déclaré à la chaîne de télévision publique ZDF le chef de l’armée de l’air allemande, la Luftwaffe, le général Ingo Gerhartz, dont le pays coordonne l’exercice.
Néanmoins, Amy Guttman, ambassadrice des Etats-Unis en Allemagne, a fait une allusion visant explicitement la Russie : «Je serais très surprise qu’un dirigeant mondial ne prenne pas note de ce que cela montre en termes d’esprit de cette alliance, ce que signifie la force de cette alliance, et cela inclut M. Poutine.»
Entre fin janvier 2022 et fin février 2023, Berlin aurait fourni près de 4,6 milliards d’euros d’aide militaire à l’Ukraine, selon le décompte du Kiel Institute. Un montant qui ne prend pas en considération les 2,7 milliards d’aides militaires supplémentaires annoncés par Berlin le 13 mai. «L'Allemagne est désormais le deuxième plus grand soutien de l'Ukraine, en termes financiers et humanitaires, mais aussi en ce qui concerne les livraisons d'armes», avait revendiqué Olaf Scholz lors d’une interview accordée au quotidien Die Welt fin mai.