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Confronté à des pénuries, le Pakistan reçoit une cargaison de pétrole russe à prix réduit

Une première cargaison de pétrole russe doit être livrée ce 12 juin au Pakistan, confronté à des pénuries d'énergie et à un manque de devises, a annoncé le Premier ministre pakistanais, Shehbaz Sharif.

Un navire transportant du «pétrole brut (russe) à prix réduit» est arrivé le 11 juin au port de Karachi, dans le sud du Pakistan, et la cargaison doit être déchargée ce 12 juin, a indiqué le Premier ministre Shehbaz Sharif sur Twitter.

«C'est la toute première livraison de pétrole russe au Pakistan et le début d'une nouvelle relation entre le Pakistan et la Fédération de Russie», a-t-il déclaré. Le volume de cette première livraison de pétrole serait de 100 000 tonnes, selon les médias pakistanais.

Depuis le lancement de son offensive militaire contre l'Ukraine l'an passé, Moscou est visé par des sanctions économiques occidentales et a fortement réduit ses livraisons d'hydrocarbures vers l'Europe et les Etats-Unis, se tournant vers l'Asie pour compenser.

Le Pakistan, aux prises avec une crise économique qui a encore accentué ses pénuries récurrentes d'énergie, avait confirmé en mai avoir conclu un accord avec la Russie pour l'achat de son pétrole. Le secrétaire d'Etat pakistanais au Pétrole, Musadik Malik, avait par le passé précisé que ces produits pétroliers russes seraient payés dans la monnaie de «pays amis», les réserves en dollars du Pakistan étant depuis des mois à des niveaux dangereusement bas.

Le 12 juin, le ministre russe des affaires étrangères a diffusé un message destiné aux citoyens pakistanais à l'occasion du 75ème anniversaire des relations diplomatiques entre Islamabad et Moscou, soulignant la proximité culturelle entre les deux peuples et leurs intérêts économiques communs.

La Russie a réorienté ses exportations

Le Pakistan, cinquième pays le plus peuplé au monde, est au bord du défaut de paiement, avec une inflation incontrôlée, une devise nationale – la roupie – qui s'est énormément dépréciée, et des réserves en dollars à leur minimum, ce qui amoindrit ses capacités d'importation et pèse sur la production industrielle. Le pays bataille aussi avec le Fonds monétaire international (FMI) pour obtenir le déblocage d'une tranche d'un prêt de 6,5 milliards de dollars conclu en 2019, mais les discussions sont dans l'impasse depuis des mois. 

Islamabad importe 84% de ses produits pétroliers, essentiellement depuis les pays alliés du Golfe. Le secteur pakistanais de l'énergie souffre de pénuries depuis des années, en raison d'un manque de capacité de stockage.

La Banque mondiale a annoncé la semaine dernière qu'elle anticipait une faible récession de l'économie russe cette année, car Moscou a réussi à réorienter ses exportations en gaz et son pétrole, notamment vers l'Inde et dans une moindre mesure la Chine, compensant ainsi les effets de l'embargo.