«Ces dernières années, à cause d’un nombre de divulgations non autorisées et de nombreux mea culpa sur l’action du gouvernement visant à démasquer ces terroristes, il y a eu quelques politiques, lois et autres actions prises qui ont entravé notre capacité à trouver collectivement et à l’échelle internationale ces terroristes», a déclaré le directeur de la CIA John Brennan à journaliste qui lui a demandé comment les attaques de Paris ont pu avoir lieu, tandis que les services de renseignements mondiaux «avaient été surpris, pour autant que l’on puisse le savoir». Brennan s’exprimait au Centre des Etudes Stratégiques et Internationale ce lundi.
L’ancien gouverneur de Floride Jeb Bush, candidat républicain à la présidentielle, a aussi appelé à rétablir les capacités de la NSA à siphonner les enregistrements téléphoniques et les données d’internet, ce que le Congrès avait restreint dans un amendement du Patriot Act datant de 2001, suite au scandale public sur l’espionnage des Américains par leur gouvernement.
L’ancien directeur de la CIA James Woolsey a même été plus radical, en déclarant à MSNBC que Snowden avait du «sang sur les mains» car les documents qu’il a faits fuiter avait permis aux terroristes d’adapter leurs comportements aux méthodes de surveillance utilisées.
L’ancien porte-parole de la Maison Blanche Dana Perino a approuvé, mais n’était apparemment pas suffisamment énervée pour exprimer totalement ses jurons dans son tweet : «Aussi, va te faire F Snowden, Qu’il aille se faire F».
Le premier à prendre part au «jeu de la faute de Snowden» ainsi que le décrit le journaliste Glenn Greenwald, était l’ancien directeur adjoint de la CIA Michael Morell. «Nous avions un débat public, ce débat a été défini par Edward Snowden, bien, et la préoccupation était la vie privée. Je pense que nous avons aujourd’hui un autre débat à propos de cela. Cela sera maintenant définit par ce qui est arrivé à Paris», a-t-il déclaré dans l’émission de CBS Face the Nation dimanche.
Même le maire de Londres Boris Johnson y est allé de sa déclaration, disant que Snowden avait enseigné aux terroristes «comment éviter d’être attrapés». Celui-ci a déclaré dans le Daily Telegraph dimanche : «Pour certaines personnes, Edward Snowden est un héros, pas pour moi. Il est clair que ses révélations ont appris à certaines des personnes les plus mauvaises sur la planète à éviter de se faire attraper ; et quand on expliquera l’histoire du massacre de Paris, j’aimerai mieux comprendre comment tant d’agents ont été à même de comploter, et à frapper à différents endroits, sans que certaines de leur données électroniques n’atteignent les oreilles de la police».
Néanmoins, le site de Greenwald, The Intercept, n’a pas tardé à apporter des contre-arguments au «jeu de la faute de Snowden», écrivant que les «terroristes» savaient que leurs communications étaient surveillées bien avant les révélations du lanceur d’alerte.
«L’un des postulats majeur est qu’avant les déclarations de Snowden, les terroristes utilisaient serviablement des téléphones et des courriels non cryptés pour conspirer, afin que les gouvernements occident soit capables de tracer leurs complots et au moins éviter des attaques de grande envergure. Cela surprendrait fortement les victimes des attaques de 2001 à Bali, 2004 à Madrid, 2005 à Londres, 2008 à Mumbain et en avril 2013 au marathon de Boston» écrit Gleen Greenwald sur son site.
«Comment les multiples auteurs de ces attaques bien coordonnées – qui ont toutes été menées avant les révélations de Snowden en juin 2013 – ont réussi à cacher leurs communications de la détection ?» ajoute-t-il. Greenwald a précisé que les révélations de Snowden consistaient à expliquer que la NSA et ses alliés «collectaient les données internet de toutes les autres personnes».
Cependant, d’autres déclarations datant de l’apparition de lundi du directeur de la CIA John Brennan ont été moins reprises. Il a affirmé que l’agence était capable de démasquer et de déjouer de nombreuses opérations terroristes avant qu’elles n’aient lieu, et a aussi divulgué ce que les services de renseignements savaient à propos des attentats de Paris : «Je peux vous dire que ce n’est pas une surprise que cette attaque ait été menée, dans la mesure où nous avions un avertissement stratégique. Nous savions que ces plans ou complots de l’Etat islamique étaient en cours, visant l’Europe avant tout pour mener ces attaques» a déclaré Brennan.
«Mais je dois dire qu’il y a eu une hausse significative dans la sécurité opérationnelle d’un nombre de ces opérateurs et réseaux terroristes, étant donné qu’ils se sont instruit sur ce qu’ils doivent savoir afin de conserver leurs activités loin des yeux des autorités» a-t-il ajouté.
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