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Nord du Kosovo : l'Occident accuse Pristina d'aggraver «les tensions» avec les Serbes

La minorité serbe continue de manifester contre l'intronisation de maires albanais dans plusieurs villes du nord du Kosovo. Les Etats-Unis et la France dénoncent «la responsabilité des autorités kosovares» dans l'aggravation de la situation.

Des manifestants serbes poursuivaient ce 1er juin leur résistance à l'intronisation de maires albanais dans le nord du Kosovo, théâtre de récents affrontements avec la force de l'OTAN, au moment où la pression internationale s'accroît sur le gouvernement de Pristina en vue d'une désescalade des tensions.

De son côté, la police a appelé les Albanais à ne pas participer à une manifestation qui a brièvement rassemblé ce 1er juin en milieu de journée plusieurs centaines de personnes dans la partie sud, majoritairement albanaise, de la ville divisée de Mitrovica.

Les manifestants, essentiellement des jeunes, qui ont répondu à des appels lancés sur les réseaux sociaux, ont protesté pendant moins d'une heure près d'un pont enjambant la rivière Ibar, qui sépare les deux parties de la ville. Ils ont agité des drapeaux albanais et scandé «Mitrovica ne peut pas être divisée», a rapporté une journaliste de l'AFP.

La force de l'OTAN renforce son dispositif

Ces manifestants avaient prévu de se rendre dans la partie nord de la ville, majoritairement serbe, mais un important cordon policier leur a bloqué le passage vers le pont.

A Zvecan (nord), ville d'affrontements en début de semaine entre des manifestants serbes et des militaires de la force de l'OTAN (KFOR), quelques dizaines de Serbes se sont de nouveau rassemblés ce 1er juin dans la matinée à proximité de la mairie, moins nombreux cependant que les jours précédents. Parmi eux, un groupe de mineurs de la mine de Trepca, a rapporté une journaliste de l'AFP.

A cet endroit, 30 militaires internationaux et une cinquantaine de manifestants serbes ont été blessés dans les heurts le 29 mai. Le bâtiment municipal est protégé depuis le lendemain par un important dispositif de la KFOR, qui a davantage renforcé le 31 mai sa défense avec du fil barbelé et des barrières en métal.

Des militaires de la KFOR ont aussi pris position ce 1er juin sur plusieurs axes menant vers le centre-ville, répondant à l'appel du principal parti serbe local après des incidents dans lesquels deux voitures de la police kosovare ont été caillassées le 31 mai par des groupes de personnes «masquées».

Un policier a été blessé et les vitres des voitures brisées, selon le ministère kosovar de l'Intérieur. 

Les Serbes ont boycotté les élections municipales d'avril dans quatre localités dans le nord du Kosovo où ils sont majoritaires, ce qui a abouti à l'élection de maires albanais avec une participation inférieure à 3,5%. Leur intronisation la semaine dernière par le gouvernement kosovar a mis le feu aux poudres. Les heurts avaient d'abord éclaté le 26 mai entre les manifestants et les forces spéciales de la police kosovare.

Macron va rencontrer le président serbe

Les manifestants serbes s'opposent à ce que ces édiles, qu'ils considèrent comme «illégitimes», occupent leurs fonctions et réclament le retrait du nord du Kosovo des forces spéciales kosovares venues lourdement armées pour installer les maires albanais.

La Serbie, soutenue par ses alliés russe et chinois, n'a jamais reconnu l'indépendance autoproclamée en 2008 par son ex-province, tout comme l'Espagne, la Grèce, l'UE et l'ONU. Belgrade soutient les 120 000 Serbes qui y vivent (entre 6 et 7% de la population).

La région va de crise en crise depuis des années, mais une fois n'est pas coutume, Paris et Washington, parrains traditionnels de Pristina, lui ont attribué la responsabilité des derniers incidents. L'OTAN a décidé d'y déployer 700 soldats supplémentaires. Le 31 mai depuis Bratislava, le président français Emmanuel Macron a dénoncé «la responsabilité des autorités kosovares» dans l'aggravation de la situation. La veille, le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken avait déclaré que la décision du Premier ministre kosovar Albin Kurti sur les maires avait «fortement et inutilement aggravé les tensions».

Le 1er juin, le chef de l'Etat français et le chancelier allemand Olaf Scholz devraient rencontrer en Moldavie, en marge d'un sommet des dirigeants européens, la présidente kosovare Vjosa Osmani et son homologue serbe Aleksandar Vucic.