Volodymyr Zelensky reviendra-t-il déçu du prochain sommet de l’OTAN à Vilnius, planifié pour la mi-juillet ? Le président ukrainien a récemment enjoint les chancelleries occidentales à prendre lors de ce rendez-vous une «décision politique positive» concernant l’adhésion de son pays à l’Alliance atlantique.
Interrogé sur ce «signal» que l’OTAN pourrait envoyer à Kiev, le chancelier allemand s’est montré plus circonspect. «Il est clair pour tout le monde que cela ne se produira pas dans un avenir prévisible», a déclaré Olaf Scholz lors d’une interview accordée au quotidien allemand Die Welt et publiée le 22 mai.
Le chef du gouvernement allemand souligne que la promesse de l’OTAN, faite à Bucarest en 2008, d’accueillir l’Ukraine en son sein s’inscrivait dans une «perspective à long terme». «Les critères de l'OTAN comportent toute une série de conditions que l'Ukraine n'est actuellement pas en mesure de remplir», a ajouté Olaf Scholz, répétant que Kiev devrait pour l’heure se contenter de l’aide militaire des Occidentaux afin de «défendre son pays».
Lors du sommet de Copenhague sur la démocratie, durant lequel Volodymyr Zelensky a adressé par vidéo sa demande aux Occidentaux, le secrétaire général de l’OTAN n’a pas évoqué la question de l'adhésion, tout en appelant à approfondir les liens avec l'Ukraine.
«Nous n'en sommes pas encore là»
Jens Stoltenberg a ainsi déclaré le 15 mai qu’il espérait, à l'occasion du sommet de Vilnius, voir les pays membres de l’organisation militaire convenir d’un «programme pluriannuel» déterminant «comment aider l’Ukraine à remplacer les normes, les doctrines et les équipements de l’ère soviétique par ceux de l’OTAN, pour rendre ses forces pleinement interopérables avec celles des Alliés».
«Tous les alliés de l'OTAN sont d'accord pour que l'Ukraine devienne membre de l'Alliance», avait assuré Jens Stoltenberg quelques jours plus tôt au Washington Post, sans toutefois avancer de calendrier. «Les pays de l'OTAN sont d'accord pour que l'Ukraine devienne membre de l'Alliance, mais en même temps, c'est une perspective de long terme», déclarait-il déjà, depuis Helsinki, fin février.
La demande de Kiev de devenir membre à part entière de l’OTAN ? Le média de la capitale américaine l’estime lui-même «irréaliste pour l'instant», tout en suggérant de «resserrer les liens» entre l’Alliance et l’Ukraine et «d'élaborer un plan à long terme» afin de l’armer face à la Russie. Un «projet coûteux», que la rédaction du Washington Post compare au soutien que les Etats-Unis ont apporté à Israël et qui a «aidé à tenir à distance les ennemis de l’État juif au cours des 50 dernières années».
L’adhésion à l’OTAN et à l’Union européenne est une demande récurrente de Kiev. Elle fait, depuis l’automne dernier, partie des «garanties de sécurité» qu’elle exige auprès de ses parrains occidentaux. S’il est «clair», aux yeux d’Olaf Scholz, qu’à l’issue du conflit, les Occidentaux «devront alors discuter des garanties de sécurité qui peuvent être données dans une situation d'après-guerre», le chancelier allemand reste prudent, comme il l'a précisé à Die Welt : «Nous n'en sommes pas encore là.»