Pendant plus de dix ans, l'Occident a tout tenté, ou presque, pour l'abattre, mais il a survécu.
«Nous sommes heureux d’accueillir le président Bachar al-Assad à ce sommet» : le prince héritier d’Arabie saoudite Mohammed ben Salmane a accueilli son homologue syrien à bras ouvert ce 19 mai, à Djedda, pour le sommet de la Ligue arabe. Un retour en grâce après 11 années de mise au ban. Fin 2011, Damas avait en effet vu sa participation mise entre parenthèses après la terrible guerre civile syrienne.
Parmi les États qui ont permis à la Syrie de normaliser sa situation régionale, on retrouve les Émirats arabes unis, qui ont rétabli le lien avec le pays dès 2018. Marqué par une décennie de guerre, notamment contre l’organisation terroriste État islamique et d'autres mouvances islamistes, la Syrie doit désormais se reconstruire. Éprouvée par la guerre, elle a aussi dû faire face au tremblement de terre du 6 février, au cours duquel 6 000 personnes, au moins, ont trouvé la mort.
Le monde arabe dans une période d’accalmie
Désireuse de jouer un rôle de premier plan pour régler le conflit syrien, la Ligue arabe sait que ses membres devront s’impliquer dans la reconstruction du pays. Damas compte d’ailleurs sur les monarchies du Golfe pour reconstruire des infrastructures et relancer son économie.
L’agence de presse syrienne Sana rapporte qu’en amont de ce sommet, le président syrien a rencontré son homologue tunisien Kaïs Saïed.
Si le retour de la Syrie au sommet marque une certaine normalisation du pays, certains États n’en demeurent pas moins réticents, à l’image du Qatar. Reste que la tendance semble être à l’apaisement alors que des États arabes, l’Arabie saoudite en tête, envisagent de nouvelles voies diplomatiques depuis le rafraîchissement des relations avec les États-Unis. Désireux de dialoguer avec le rival iranien, Riyad multiplie les démarches d’apaisement dans la région et désire trouver une porte de sortie dans le conflit yéménite. La prise de distance des États-Unis avec le royaume saoudien semble coïncider avec l’accalmie régionale.
Zelensky, l’autre «invité» du sommet
La venue du président syrien devait être l’événement de ce sommet, mais le président ukrainien Volodymyr Zelensky a aussi assisté à la rencontre. «Certains pays dans le monde et ici, parmi vous, ferment les yeux sur ces prisons et annexions illégales», a déclaré le président ukrainien lors de son discours, avant d'enjoindre les États arabes à «jeter un regard honnête sur la guerre»...
Dès 2011 et le début du conflit qui a ravagé la Syrie, l'Occident a tout fait pour chasser Assad du pouvoir. Via l'opération clandestine Timber Sycamore, les Etats-Unis ont financé et armé des mouvances djihadistes en Syrie pour renverser le gouvernement syrien. Ils se sont notamment appuyés sur les subsides des pétromonarchies. Depuis juin 2020, la Maison Blanche est allée encore plus loin en imposant une série de sanctions économiques visant à isoler le pays. Cette mesure, le Ceasar Act, empêche de facto les entreprises syriennes de commercer avec l'extérieur. Les troupes américaines sont également présentes à l'est de l'Euphrate et empêchent le gouvernement syrien de bénéficier des ressources pétrolières de son pays, dans la région d'Al Tanf.