«La première [de leur] obligation est de m'expliquer, au lieu de dire "Bonjour" ou "Bonsoir", quel idiot je suis de ne pas avoir introduit de sanctions» contre la Russie.
Lors d’une longue interview le 8 mai sur la chaîne Happy TV, le président serbe Aleksandar Vucic a confié que les pressions des chancelleries européennes, pour que Belgrade se joigne au concert des sanctions prises contre Moscou, ne faiblissaient pas. Des «pressions» et «ultimatums», de la part des représentants d'Etats occidentaux auxquels le chef d’Etat dit s’être accoutumé.
Cette réticence à emboîter le pas de Bruxelles, pour un pays candidat à l’UE, déplaît fortement. Dans une résolution adoptée à une large majorité en novembre 2022, le Parlement européen a appelé les autres organes de l’Union à «faire progresser les négociations d’adhésion avec la Serbie uniquement si le pays s’aligne sur les sanctions de l’UE à l’encontre de la Russie.»
Une pression «insupportable»
Cette exigence a été réitérée fin avril 2023 par la commission des Affaires étrangères de ce même Parlement européen. Critiquant l’échec du pays à adhérer aux sanctions européennes contre la Russie, l’organe parlementaire des 27 a exhorté Belgrade à fermer les médias russes de «désinformation», dont RT Balkan.
Au début du même mois, la presse anglophone se faisait l’écho de fuites de documents classifiés du Pentagone selon lesquels la Serbie livrerait des armes à l’Ukraine. Des allégations démenties par Aleksandar Vucic.
Au sein de l’exécutif serbe, tous ne partagent pas la résilience de Vucic face aux pressions de l’Occident. Mi-mars, le ministre de l'Économie du pays, Rade Basta, avait appelé sur les réseaux sociaux à prendre des sanctions contre la Russie, estimant que la pression occidentale devenait «insupportable». «Notre pays paie déjà un prix élevé pour ne pas avoir imposé de sanctions à la Russie, et cela devient insupportable», avait écrit le ministre sur son compte Instagram.