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Josep Borrell : «Si nous ne soutenons pas l'Ukraine, elle tombera en quelques jours»

Depuis Florence, le chef de la diplomatie de l'UE a justifié l’utilisation des fonds européens au profit de l’armement de l’Ukraine, concédant qu’un tel soutien se faisait au détriment d’investissements plus utiles «au bien-être» des Européens.

Des canons plutôt que du beurre. Depuis Florence, où il était l’invité du 13e opus de l'Etat de l'Union, Josep Borell, Haut représentant de l'Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, a justifié et appelé à poursuivre l’aide militaire à l’Ukraine.

«Si nous ne soutenons pas l'Ukraine, elle tombera en quelques jours», a déclaré le dignitaire européen, interrogé sur les 500 millions d’euros annoncés le 3 mai par Bruxelles afin de doper la production de munitions destinées à l’Ukraine. Baptisé «ASAP», pour Act in Support of Ammunition Production, ce plan européen ambitionne de fournir d’ici un an au moins un million d'obus de 155 mm aux forces ukrainiennes ainsi que de reconstituer les stocks stratégiques des pays européens. Un investissement qui «à l'échelle du problème, ne va pas changer la donne», concédait le socialiste espagnol quelques minutes plus tôt.

«Alors, oui, je préférerais dépenser cet argent pour améliorer le bien-être de la population, les hôpitaux, les écoles, les villes, comme le demandent les maires. Mais nous n'avons pas le choix», conclut-il. En face, son interlocutrice l’avait interpellé sur le risque que les Européens puissent ne pas soutenir un tel «investissement» et craindre de financer une guerre, plutôt que le redressement de leurs économies nationales au sortir de la crise du Covid.

50 milliards d’euros en 12 mois

Comme souligné par cette journaliste, les Etats membres pourront compléter ce plan de 500 millions d’euros en réorientant vers leurs industries d’armement des ressources du Fonds de cohésion, ainsi que des subventions du Plan de relance européen. Quant aux 500 millions en eux-mêmes, ceux-ci proviendront du Fonds européen de la défense et de l’EDIRPA, un instrument proposé à l'été 2022 afin de renforcer l'industrie européenne de la défense au moyen d'acquisitions conjointes.

En un an, à compter du début de l’offensive russe en Ukraine fin février 2022, Bruxelles a fourni et promis près de 50 milliards d’euros d’aides financière, humanitaire et militaire à l’Ukraine. Un montant qui ne prend pas en compte toutes les dépenses des Etats membres, occasionnées par leur soutien à Kiev ou aux Ukrainiens.