La Cour constitutionnelle d'Equateur a autorisé le 29 mars l'ouverture d'un procès en destitution pour détournement de fonds contre le président de droite Guillermo Lasso, demandé par le Parlement dominé par l'opposition.
A la majorité de six voix contre trois, la Cour a validé la demande de procès en destitution pour détournement de fonds demandée par l'Assemblée nationale, tout en rejetant une autre demande pour «délit de concussion». Guillermo Lasso, 67 ans, devra présenter sa défense devant le Parlement monocaméral, où ses détracteurs devront recueillir une majorité des deux tiers – soit 92 voix sur 137 – pour obtenir sa destitution. Les opposants au président demandent son départ après qu'un site internet a révélé l'existence d'un système de corruption présumée mis en place au sein d'entreprises publiques par un beau-frère du président, Danilo Carrera. L'opposition au Parlement a considéré que Guillermo Lasso avait été averti de l'existence de ce dispositif et qu'il n'avait pas agi pour l'arrêter. Un ancien représentant de la présidence au sein de l'organisme chargé d'administrer les entreprises publiques, Hernan Luque, ainsi que l'homme d'affaires Rubén Cherres, un proche de Danilo Carrera sous le coup d'une enquête pour narcotrafic, sont également impliqués dans cette affaire.
Guillermo Lasso, qui dirige l'Equateur depuis 2021, nie ces accusations et accuse les parlementaires de vouloir «déstabiliser» son gouvernement. L'exécutif a fait savoir qu'il désapprouvait la décision de la Cour constitutionnelle, mais qu'il la respectait. «Cette décision ne valide en aucune façon les arguments des législateurs contre le président», a affirmé le gouvernement dans un communiqué.
Trois présidents équatoriens ont déjà été renversés entre 1997 et 2005. Guillermo Lasso est confronté à une impopularité croissante dans son pays, théâtre en juin 2022 de violentes manifestations contre le coût de la vie qui ont fait six morts et plus de 600 blessés. Les députés avaient déjà tenté en juin 2022 de destituer le président. Mais l'opposition, divisée, n'avait pas réussi à réunir suffisamment de voix.
«Lasso sera jugé politiquement et devra répondre de ses horreurs et incompétences devant l'Assemblée», s'est félicité sur Twitter la députée Viviana Veloz, signataire de la demande de procès en destitution avec 58 autres parlementaires. Le gouvernement soutient pour sa part que la demande des députés comporte «d'innombrables erreurs» et qu'elle «n'a pas le moindre fondement juridique ou politique et n'en aura jamais».