Le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères a exhorté le 24 mars le gouvernement français à «parler à son peuple et écouter sa voix», un commentaire qui sonne comme une réponse aux multiples commentaires de la diplomatie française et des chancelleries occidentales concernant le mouvement de protestation en Iran. Postant une vidéo dans laquelle on peut voir des policiers français frapper des manifestants, Nasser Kanaani a estimé sur son comte Twitter que ce genre de violence était bien éloignée «des leçons de morale et des prêches dispensés [par les autorités françaises] aux autres».
Dans un second tweet, le diplomate poursuit sa critique de ce qu'il estime relever du deux poids, deux mesures en disant que «les manifestants français attendent également de voir le vidéo clip collectif des femmes ministres européennes, australiennes et canadiennes en soutien aux femmes françaises protestataires». Une référence à la déclaration conjointe de femmes ministres des Affaires étrangères publiée fin octobre 2022 «en solidarité avec les courageuses Iraniennes qui exercent leur droit de rassemblement pacifique et défendent leurs droits fondamentaux». Une déclaration portée par les ministres des Affaires étrangères du Canada, de l’Albanie, de l’Andorre, de l’Australie, de la France, de l’Allemagne, de l’Islande, de la Libye, du Liechtenstein, de la Nouvelle-Zélande et de la Norvège. Ainsi que par le ministère autoproclamé des Affaires étrangères du Kosovo.
Cité par l'agence de presse publique IRNA, le porte-parole de la diplomatie iranienne a estimé que «ceux qui sèment le vent récolteront la tempête». «Nous ne soutenons pas la destruction et le chaos, mais nous disons : au lieu de créer le chaos dans d'autres pays, écoutez la voix de votre peuple et évitez la violence à son encontre», a précisé Nasser Kanaani.
De nombreuses violences et des heurts avec les forces de l'ordre ont émaillé les manifestations contre la réforme des retraites le 23 mars en France. Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a fait état de «457 interpellations» et de «441 policiers et gendarmes blessés» en France lors de la 9e journée de mobilisation.
Il n'a cependant pas précisé combien de personnes avaient été poursuivies. A titre d'exemple, dans la nuit du 16 au 17 mars, 292 personnes avaient été interpellées en marge d'un rassemblement contre la réforme des retraites, donnant lieu à 283 classements sans suite. Une situation qui avait poussé le Syndicat de la magistrature à réagir pour souligner que l'autorité judiciaire n'était pas «au service de la répression du mouvement social».