L'Union européenne va «faire en sorte» d'augmenter sa production de munitions à destination de l'Ukraine, fabriquées par quinze industriels dans onze pays de l'Union, selon le commissaire européen à l'Industrie Thierry Breton, interrogé par la radio RMC ce 13 mars. Le soutien armé occidental à Kiev est régulièrement dénoncé par les autorités russes, qui y voient une forme de cobelligérance et une prolongation inutile du conflit.
«Il faut aller très vite. La guerre en Ukraine, voulue par Vladimir Poutine, tragique, se traduit maintenant par une guerre de tranchée, de face-à-face, et c'est évidemment à qui envoie le plus de munitions, d'un côté ou de l'autre», a déclaré le Commissaire européen, soulignant que les Ukrainiens «dépend[aient]» de l'Europe pour les livraisons de munitions.
Les autorités ukrainiennes ont régulièrement appelé les chancelleries occidentales à accroitre davantage leur soutien militaire et les livraisons d'armes et de munitions, notamment d'obus de 155 mm.
Thierry Breton a affirmé qu'il se rendrait cette semaine en Bulgarie et en Slovaquie pour «faire en sorte» que les industriels augmentent rapidement leur production.
«C'est un sujet qui concerne le monde entier occidental», a-t-il insisté, en rappelant la réunion des ministres de la Défense de l'UE la semaine dernière à Stockholm avec le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, qui a décidé d'un plan de 2 milliards d'euros portant sur des livraisons d'urgence de stocks existants à l'Ukraine et de commandes en commun de munitions.
«L'Amérique est en moins bon état que l'Europe sur la fabrication de ces munitions. Les obus de 155 mm, on en fabrique plus en Europe qu'aux Etats-Unis», a affirmé le commissaire chargé du marché intérieur, de la politique industrielle, mais aussi du numérique, de l'audiovisuel, de la défense et de l'espace.
«Ce type de munition est essentiellement dédié aux guerres de haute intensité, et c'est vrai que personne n'avait imaginé le retour de guerres de haute intensité, en particulier en Europe», a ajouté Thierry Breton.
La Russie dénonce la «guerre hybride» menée contre elle par l'OTAN
Pour rappel, la Russie a déclenché son opération militaire en invoquant la nécessité de protéger les populations du Donbass, les autorités locales étant en guerre avec le pouvoir central ukrainien depuis 2014. Le président russe Vladimir Poutine avait également évoqué la nécessité de réagir à l'expansion de l'OTAN vers l'est, qui représentait selon lui une menace pour la sécurité de la Russie : «Aujourd’hui même, alors que l’OTAN s’étend vers l’est, la situation pour notre pays se dégrade et devient chaque année plus dangereuse. En outre, ces derniers jours, les dirigeants de l’OTAN ont explicitement évoqué la nécessité d’accélérer, de forcer l’avancée des infrastructures de l’Alliance vers les frontières de la Russie», avait déclaré le chef d'Etat dans son discours du 24 février 2022.
Par la suite, les autorités russes ont maintes fois mis en garde contre une implication de pays étrangers dans le conflit en Ukraine, notamment via les livraisons d'équipements militaires, lesquelles, selon Moscou, entraînent un risque d'escalade. Le 31 janvier dernier encore, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, avait accusé l'OTAN d'être impliqué directement dans une «guerre hybride» contre la Russie : «Quoi qu’en disent nos partenaires occidentaux, quels que soient leurs efforts pour justifier qu'ils couvrent l'Ukraine d'armes, y compris les slogans bien connus sur la voie de la paix qui passe par les livraisons d'armements, tout le monde comprend parfaitement tout. Que l’OTAN est depuis longtemps impliquée directement dans une guerre hybride contre la Russie, qui se reflète dans les actions "chaudes" du régime de Kiev», avait-il dénoncé, en référence notamment aux livraisons d'armes toujours plus lourdes des Occidentaux à Kiev.