Dans un communiqué publié ce 3 mars, soit la veille de la visite d'Emmanuel Macron à Kinshasa, une vingtaine de mouvements citoyens de République démocratique du Congo (RDC) déclarent que le chef d'Etat français «n'est pas le bienvenu» dans leur pays. En cause : la politique française jugée trop conciliante vis-à-vis du Rwanda, accusé de soutenir la rébellion du M23 en RDC.
Dans un autre texte publié par la presse, quelque 150 ONG «interpellent» Emmanuel Macron et précisent leurs demandes : «condamner l'agression» du Rwanda, «soutenir l'appel aux sanctions» contre Kigali, et «aider la RDC à organiser sa légitime défense».
Les rebelles du M23, qui ont repris les armes fin 2021, ont conquis de larges pans de territoire dans la province du Nord-Kivu, dans l'est de la RDC, et restent à l'offensive en dépit d'initiatives diplomatiques lancées pour tenter de régler le conflit. Depuis le début, Kinshasa accuse le Rwanda de soutenir activement cette rébellion, ce qui est contesté par Kigali mais est affirmé par des experts de l'ONU et dénoncé par plusieurs pays occidentaux.
Le gouvernement français notamment, en décembre dernier, a condamné le soutien rwandais au M23, mais pour Kinshasa, cela ne va pas assez loin. Paris doit «prendre des mesures contre le Rwanda», a déclaré le soir du 1er mars le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya. Le matin, quelque dizaines de jeunes avaient manifesté devant l'ambassade de France en brandissant des banderoles ornés de slogans hostiles à la France mais aussi des drapeaux russes.
La France accusée de «deux poids deux mesures face à des régimes autocratiques»
Dans leur communiqué diffusé le 3 mars, les organisations de la société civile et mouvements citoyens reprochent à la France de n'avoir pris jusqu'à présent «aucune sanction diplomatique et encore moins économique contre le régime de Kigali» et, plus généralement, l'accusent de «s'illustrer par sa politique de deux poids deux mesures face à des régimes autocratiques, garants de la Françafrique, qui maintiennent leur population dans l'assujettissement». «Nos actions ne devraient en aucun cas être interprétées comme un soutien à d'autres puissances comme la Russie ou la Chine», précisent-ils par ailleurs.
Le 2 mars au Gabon, première étape de sa tournée en Afrique centrale, Emmanuel Macron a martelé que l'âge de la Françafrique était «révolu» et que la France était désormais un «interlocuteur neutre» sur le continent. Le président français était le matin de ce 3 mars en Angola et devait se rendre dans l'après-midi à Brazzaville, avant de rejoindre dans la soirée Kinshasa, sur l'autre rive du fleuve Congo, où il passera toute la journée du 4 mars.