«Le régime de Kiev a intensifié les préparatifs d'une invasion de la République moldave de Transnistrie. [...] Cette campagne des forces armées ukrainiennes sera menée en réponse à une prétendue offensive des troupes russes depuis le territoire de la Transnistrie», a assuré, le 23 février, la Défense russe.
Comme le rapporte l'agence de presse TASS, Moscou a en effet affirmé avoir des informations selon lesquelles Kiev aurait rassemblé du personnel et des équipements «près de la frontière ukrainienne avec la Transnistrie», région séparatiste de Moldavie dont de nombreux habitants disposent d'un passeport russe et dont la sécurité est en partie garantie par la présence d'un groupe russe de maintien de la paix (pour autant, ni la Russie ni aucun autre pays de l’ONU ne reconnaît officiellement l'indépendance de la Transnistrie, qu'ils considèrent comme une région autonome située dans les frontières internationalement reconnues de la Moldavie). De son côté, le ministère russe des Affaires étrangères a noté «l'accumulation importante de personnel et d'équipements militaires des unités ukrainiennes près de la frontière entre l'Ukraine et la Transnistrie, le déploiement de l'artillerie, ainsi que l'augmentation sans précédent de survols du territoire de la Transnistrie par des drones ukrainiens».
Toujours selon la Défense russe, l'armée ukrainienne aurait donc déployé des unités d'artillerie dans la région et intensifié les vols de ses drones au-dessus du territoire de cette république non reconnue.
La Russie dénonce «une menace directe» pour ses forces positionnées en Transnistrie, Chisinau dément
«La mise en œuvre de la provocation programmée par les autorités ukrainiennes constitue une menace directe pour le contingent russe de maintien de la paix déployé légitimement en Transnistrie», a ainsi considéré le ministère russe de la Défense, lequel a fait savoir que l'armée russe saurait «répondre de manière appropriée à la provocation planifiée par l'Ukraine».
De son côté, la Moldavie a rejeté ces allégations russes en dénonçant «de fausses informations visant à semer la panique». «Le ministère de la Défense surveille tous les événements, actions et changements qui ont lieu dans la région [...]. Nous affirmons qu'il n'existe actuellement aucune menace directe pour la sécurité militaire de l'Etat», peut-on notamment lire dans le communiqué moldave cité par l'AFP.
Quoi qu'il en soit, la Transnistrie a par le passé fait valoir, auprès de l'UE, la présence d’armes et de munitions soviétiques sur son territoire afin de dissuader toute action visant à nuire à l’économie de la région. Comme on peut le lire sur le site du Cairn dans une analyse de la présence militaire russe sur place, «les entrepôts de Transnistrie contiennent des armes de petit calibre, notamment AK-74, grenades et véhicules blindés comme le char T-64».
Une région autonome non reconnue à l'échelle internationale
La République de Transnistrie s'est autoproclamée indépendante au début des années 1990, après l’effondrement de l’URSS. Des combats éclatent alors entre l'armée moldave et les milices russophones de ce territoire. En 1992, une force trilatérale de maintien de la paix, comprenant des forces russes, moldaves et transnistriennes, est déployée, puis les affrontements cessent sans qu'aucune solution ne soit trouvée d'un point de vue politique jusqu'à ce jour.
Au début de l'offensive militaire russe en Ukraine, le général russe Roustam Minnekaïev, commandant adjoint des forces du district militaire du centre de la Russie, s'était inquiété de l'«oppression» des populations russophones de Moldavie, suscitant la colère de ce pays voisin de l'Ukraine, qui avait alors convoqué l'ambassadeur russe pour une protestation officielle.
En avril 2022, les autorités de la région autonome de Transnistrie avaient signalé plusieurs attaques, notamment aux lance-grenades, contre des infrastructures situées sur leur territoire. L'OSCE avait alors exprimé ses inquiétudes au sujet d'une déstabilisation de cette région frontalière de l'Ukraine. D'autres explosions avaient été signalées le mois suivant, amenant la Russie à demander une «enquête approfondie et objective».