Au cours d'un vote dans la nuit du 20 au 21 février, les députés israéliens ont approuvé par 63 voix contre 47 des textes qui modifient le processus de nomination des juges et rendent les tribunaux incompétents pour juger d'actes ou de décisions qu'ils jugeraient en conflit avec les lois fondamentales, qui font office de Constitution en Israël.
Une autre disposition hautement contestée de la réforme, l'introduction d'une clause «dérogatoire» permettant au Parlement d'annuler à la majorité simple certaines décisions de la Cour suprême, doit être adoptée à une date ultérieure.
Le projet de réforme de la justice a été annoncé début janvier par le gouvernement, formé en décembre par Benjamin Netanyahou avec l'aide de partis de droite radicale et ultraorthodoxes juifs. Le texte mobilise une forte partie de l'opinion publique contre lui.
Des manifestations à répétition
A Tel-Aviv, des manifestations ont lieu tous les samedis soirs pour la septième semaine consécutive, rassemblant des dizaines de milliers de protestataires – signe d'une mobilisation massive à l'échelle de la taille du pays – qui dénoncent en bloc ce projet mais aussi la politique générale du gouvernement.
Le 20 février à Jérusalem, plusieurs dizaines de milliers de personnes ont manifesté autour du Parlement contre le vote, avant lequel les débats ont été perturbés par des élus de l'opposition drapés dans des drapeaux israéliens et temporairement écartés.
Les deux projets de loi doivent retourner à la Commission parlementaire des lois pour un nouveau débat, avant des votes en deuxième et troisième lecture en session plénière pour devenir loi. Après le vote de la nuit, le ministre de la Justice Yariv Levin a appelé les membres de l'opposition à «venir discuter». «Nous pouvons parvenir à des accords», a-t-il déclaré.
Mais le chef de l'opposition, Yaïr Lapid, a accusé la coalition au pouvoir de pousser Israël vers une guerre civile. «Si vous vous souciez d'Israël et de son peuple, alors arrêtez de légiférer [sur cette réforme] aujourd'hui», a-t-il lancé.
Pour Benjamin Netanyahou et Yariv Levin, le projet de loi est nécessaire pour rétablir un rapport de force équilibré entre les élus et la Cour suprême, que le Premier ministre et ses alliés jugent politisée.
Au contraire, affirment ses détracteurs, la réforme, en visant à réduire l'influence du pouvoir judiciaire au profit du pouvoir politique, met en péril le caractère démocratique de l'Etat israélien.